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le budget de 1892 pour l’énorme somme de 675 millions : la commission propose de n’en accorder que 645. Ce n’est sans doute pas le dernier mot des économies possibles, puisque les premiers retranchemens opérés dans ce budget auquel on n’a pas osé toucher pendant bien des années n’ont porté aucun préjudice à la réorganisation de nos forces militaires.

Il est une autre nature de dépenses qui seraient aisément compressibles, si on les scrutait avec soin ; ce sont celles de l’instruction publique, mais ce ministère a cette bonne fortune, qu’on ne réduit jamais ses crédits, et même que les commissions du budget prennent l’initiative de les accroître. On lui donne non-seulement plus qu’il ne demande, mais plus qu’il ne peut dépenser. Il a été inscrit au budget de 1878, et versé effectivement au trésor, une somme de 17 millions, sur laquelle l’enseignement secondaire impute depuis lors des dépenses diverses pour lesquelles il ne demande plus l’autorisation législative. A l’heure actuelle, au bout de treize ans, 4 millions n’ont pas encore été employés et attendent une destination : preuve évidente que l’allocation dont ils faisaient primitivement partie excédait de beaucoup les besoins réels. Cette année encore, la commission du budget accorde pour l’instruction publique 4 millions et demi de plus que le ministre n’avait demandé.

Il est avéré que les lycées de l’État ne couvrent pas leurs dépenses et qu’une partie des frais d’éducation de leurs élèves tombe ainsi à la charge des contribuables : frappé de ce fuit, M. Spuller avait essayé d’arrêter les progrès constans du déficit en augmentant le prix de la pension et de l’externat. Cela n’a pas suffi : mais on attribue aujourd’hui à cette augmentation la décroissance du nombre des élèves, bion que les prix de pension soient plus élevés dans beaucoup d’établissemens libres ; et un récent arrêté vient de réduire, à partir de la rentrée d’octobre, les frais de pension et de trousseau dans les lycées. Le déficit de ces établissemens va être augmenté d’autant, et la somme est facile à calculer d’après le nombre des élèves. Il ne paraît pas que la commission du budget ait, jusqu’ici, songé à y pourvoir par l’inscription d’un nouveau crédit. Sans revenir sur des observations qui ont déjà été formulées ici, nous ne croyons pas inutile d’emprunter aux documens officiels les plus récens le calcul des sommes dépensées pour les seules constructions d’écoles primaires à la date du 31 décembre 1890. Ces dépenses, dépassant sensiblement les chiffres fixés par la loi du 20 juin 1885, étaient de 5,027,847 fr. 40 pour les départemens, de 72,341,655 fr. 40 pour les communes, de 49,353,644 fr. 80 pour l’État : en tout, 126,723,127 fr. 60. L’annuité à la charge de l’État, pour la part d’amortissement qui