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Ils bâtissent sur les fausses doctrines du pape,
Vive le gueux !
Ces voleurs conjurés, leurs lettres d’indulgences,
Ce n’est qu’un tissu de méchancetés.
Grâce au prince, malgré leurs messes pour le salut des âmes et leurs vigiles,
Nous restons gueux.

Leur hypocrisie, leurs projets perfides,
Vive le gueux !
Ne peuvent subsister : nous les verrons périr,
Avec la méchante mère qui les enfanta.
Grâce au prince, malgré les placards du duc d’Albe,
Nous restons gueux.

Les bulles du pape ! Qui donc y fait encore attention aujourd’hui ?
Vive le gueux !
Le duc d’Albe se débat en vain :
Sa puissance est pourrie.
Grâce au prince, malgré les partisans du duc d’Albe,
Nous restons gueux.

Le pape a enfreint les commandemens de Dieu,
Vive le gueux !
Avec Albe, on le jettera dans l’étable à cochons.
C’est pourtant véridique,
Grâce au prince, malgré moines et chanoines,
Nous restons gueux.

Maintenant, on entend la bande cléricale se lamenter,
Vive le gueux !
Parce qu’on a chassé les assassins d’âmes hors de leurs nids :
C’est la nouvelle.
Grâce au prince, malgré jacobins et béguines,
Nous restons gueux.

D’où est venu ce mépris pour les traîtres d’âmes ?
Vive le gueux !
C’est que le pape n’a plus de puissance,
Comme il en avait autrefois.
Grâce au prince, malgré tous les cardinaux réunis,
Nous restons gueux.

O papistes ! hommes et femmes, vous avez bien mérité votre sort,
Vive le gueux !
Car votre célèbre et fausse inquisition,
Vous la vouliez introduire chez nous. Est-ce vrai ?
Grâce au prince, malgré moines et nonnes,
Nous restons gueux.

Permettez, assassins d’âmes ! Nous allons vous donner un bon conseil,
Vive le gueux !
Gardez-vous pour l’enfer de Lucifer ;
On y brûle les méchans.
Grâce au prince, goûtez bien ceci,
Nous restons gueux.