La mortalité des enfans est assez considérable en Italie. On peut, au point de vue économique, regarder comme perdues pour le pays les sommes dépensées pour élever des enfans qui meurent avant l’âge où ils se trouveraient en mesure de produire par leur travail plus qu’ils ne consomment. Cet âge est variable ; mais on peut, en moyenne, le fixer approximativement à dix-huit ans. Or, pour avoir 100 individus de dix-huit ans, il fallait en Italie 185 naissances en 1871, et seulement 178 en 1881. Malgré ce progrès, l’Italie demeure bien inférieure à l’Angleterre, où, en 1881, ce nombre de naissances était de 140 ; à la France, où il était de 144 ; à la Prusse, à la Belgique, à la Suisse, à la Suède, à la Norvège.
La mortalité totale, en Italie, est aussi assez forte. Si l’on prend la moyenne de la mortalité pour les années 1887, 1888, 1889, on trouve 269 morts pour 10,000 habitans en Italie, et seulement 179 en Angleterre. La France occupe une position intermédiaire, avec un chiffre de 214 morts pour 10,000 habitans.
Ce sont surtout les maladies épidémiques, conséquence des mauvaises conditions hygiéniques du pays[1], qui augmentent la mortalité en Italie. On s’en convaincra aisément en comparant la mortalité produite par la rougeole, la scarlatine, la variole, la diphtérie, la fièvre typhoïde et la fièvre paludéenne, en Italie, où elle est de 37 pour 10,000 habitans, et en Angleterre, où elle est seulement de 11[2].
La propagation de la fièvre typhoïde, par une mauvaise eau potable chargée de microbes, est bien connue. On l’observe chaque année à Paris, quand on distribue l’eau de la Seine. En 1890, une épidémie de cette maladie, à Florence, a eu pour cause la mauvaise qualité de l’eau et la négligence avec laquelle les aqueducs étaient entretenus. Naples nous fournit un exemple, en sens inverse, fort remarquable. Depuis qu’on a amené dans cette ville une eau excellente, celle du Serino, la mortalité causée par la fièvre typhoïde a diminué avec une régularité parfaite, à mesure que croissait la quantité d’eau du Serino distribuée aux habitans[3].
La Caisse des dépôts et consignations fait des prêts aux communes qui ont à accomplir des travaux dans l’intérêt de l’hygiène,
- ↑ Des expériences récentes ont fait voir que de mauvaises conditions de nutrition contribuent aussi au développement des maladies dues aux microbes. Des animaux, qu’on avait préalablement fait jeûner, ont bien moins résisté à l’inoculation de ces maladies que d’autres animaux bien nourris.
- ↑ Ces chiffres représentent les moyennes des années 1887-1888-1889. (Pour les détails, voyez Bodio, Di alcuni indici, p. 11.)
- ↑ Bodio, loc. cit. Il y a eu, à Naples, 468 morts de fièvre typhoïde en 1881, 317 en 1883, 242 en 1886 et seulement 136 en 1890.