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3 pour 100. Des avis d’Amérique signalent comme déjà parvenues à New-York ou en cours de transport des expéditions d’or s’élevant à un total de près de 60 millions de francs. La spéculation a donc de bonnes raisons pour appréhender un mouvement de tension dans les taux de loyer des capitaux pour les mois qui vont suivre. La hausse de l’escompte restera d’ailleurs modérée à cause des importans achats de titres de chemins de fer des États-Unis effectués à Londres par des Américains, achats dont la liquidation compensera jusqu’à due concurrence les remises à faire pour envois de céréales.

Un retour du marché au calme qui régnait il y a un mois est donc plus probable que la continuation immédiate de la hausse. Les capitaux disponibles vont avoir au surplus à s’employer, puisque le Crédit foncier et le gouvernement russe font appel à l’épargne publique pour une somme totale effective de 700 millions environ, payable, il est vrai, en de nombreux versemens largement espacés.

Les fonds d’Etats étrangers qui avaient, à la suite de la rente, obtenu une certaine avance de cours, l’ont déjà reperdue. Ainsi l’Extérieure est revenue à 72 1/8 après avoir atteint 72 1/2 ; l’Italien ne garde plus qu’une avance de 0 fr. 20 à 0 fr. 25, l’emprunt d’Orient a même reculé de près d’une demi-unité. Les fonds russes or sont, il est vrai, restés très fermes, et le Hongrois 4 pour 100 a été porté par un courant actif d’achats de 90 1/8 à 90 7/8. Les valeurs turques se sont aussi améliorées dans une certaine mesure; le 1 pour 100 a dépassé un moment le cours de 18 francs et finit à 17.97, l’obligation Douane a repris 2.50 à 445, la Privilégiée est sans changement à 405, la Banque ottomane a été portée de 555 à 560 et finit à 557.50.

Le Portugais s’alourdit de plus en plus et perd un point et demi à 36 1/2. La prime de l’or ne se détend pas, et, de plus, le crédit de l’Etat souffre de la dépréciation chaque jour plus forte que subissent les valeurs de la Compagnie des chemins de fer portugais, actions et obligations. Ces dernières ne sont plus cotées que 155 francs les 3 pour 100 et 215 les 4 pour 100; c’est une baisse de 30 et 20 francs pour la dernière quinzaine. L’action se tient péniblement à 120 francs. On n’a pas de bonnes nouvelles de l’enquête entreprise par la Banque de Paris sur la situation financière de la compagnie. Les charges seraient plus lourdes encore qu’on ne l’avait supposé, et les obligataires devraient s’attendre à la nécessité de pénibles sacrifices.

La guerre civile est terminée au Chili, mais l’ordre ne se rétablit pas promptement en ce pays naguère si prospère. Quant à la situation de la république argentine, elle semble empirer chaque jour, loin de s’améliorer encore. La monnaie de papier se déprécie de plus en plus, les affaires sont languissantes, et les ressorts de l’autorité se relâchent à l’excès dans les provinces. Au Brésil, une certaine prospérité se