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LE
MARÉCHAL MACDONALD

PREMIERE PARTIE.

Au mois de mai 1825, le maréchal Macdonald, sexagénaire, veut pour la troisième fois, était abîmé au plus profond de la douleur. De ses précédentes unions il n’avait eu que des filles ; la dernière, formée depuis quatre ans à peine et soudainement brisée, lui laissait un fils, un héritier de son nom. C’est pour lui, pour cet enfant au berceau que, loin de Paris, loin des consolations banales et des condoléances de cour, le maréchal entreprit, non pas de distraire, mais d’occuper l’isolement de son chagrin à noter les étapes de sa longue et glorieuse carrière. Ce ne sont pas des Mémoires qu’il se proposait d’écrire; ce sont de simples souvenirs destinés à l’enfant qui devait seul en prendre connaissance un jour. Il y a soixante-cinq ans qu’ils ont été recueillis ; il y a plus de cinquante ans que le maréchal est mort; ses descendans ont pensé que dans l’intérêt et pour le grand profit de l’histoire, autant que dans l’intérêt et pour la bonne renommée de leur ancêtre, l’heure était venue de soulever le voile qui jusqu’à présent a couvert ces Souvenirs, et c’est à moi qu’ils ont confié le soin de les révéler au public. C’est un grand honneur dont je leur suis reconnaissant. Je n’ai pu toucher, sans une respectueuse émotion, ces pages imprégnées de franchise et d’où le vrai s’exhale comme un parfum vivifiant. Jamais, ni pour