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ANTOINETTE

MA COUSINE

DEUXIÈME PARTIE (I)

X.

Que tu me rendes un peu ton estime en considération des triomphantes nouvelles que je t’annonçais, c’est à coup sûr, mon cher Carol, un précieux encouragement pour moi, et merci de ta lettre... N’était vraiment que nos deux points de vue proviennent des deux antipodes, on n’aurait jamais vu deux amis « mieux concomitans de pensées... » pour parler ton langage... Je veux bien que ton déterminisme absolu méprise un peu la cause sensoriale ayant pour effet « mon état d’âme, » si veule et si dégradé qu’il te paraisse... La vraie vérité, c’est qu’une belle fille toute neuve est diantrement plus déterminante qu’un principe d’école déjà passablement rebattu. Alambiquer l’amour et, coupant les cheveux en quatre, décomposer la vie en élémens psychiques, c’est à coup sûr une belle science, mais encore faudrait-il me convaincre que je tourne réellement à la bête... Si, à la vue de ma jolie cousine, le sentiment esthétique se mêle à la bonne loi de nature, faut-il chercher querelle

(I) Voyez la Revue du 15 septembre.

TOME CVII. — 1er OCTOBRE 1891. 31