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M conformât sa politique à celle des autres princes italiens[1], » véritables vassaux de l’Autriche.

En 1856, ses plénipotentiaires au congrès de Paris appuyaient énergiquement les protestations de l’Autriche contre les vues du plénipotentiaire sarde[2]. En 1859, elle levait une armée formidable pour aller au secours de l’Autriche en Lombardie[3]. En 1860, elle protestait avec insolence, dans les notes diplomatiques du comte de Schleinitz, contre les annexions de territoires italiens effectuées par le Piémont, ainsi que contre l’invasion des États du roi de Naples et du pape[4]. En 1861, elle ne cédait qu’avec répugnance aux vives instances de la France tendant à ce qu’elle reconnût le nouveau roi d’Italie[5]. En 1862, par une dépêche de M. de Bernstorf, datée du 4 juillet, elle protestait contre tout projet d’attaquer l’Autriche dans la Vénétie, que le cabinet de Berlin considérait a comme un gage de sûreté pour la confédération germanique. » En 1864, elle offrait à l’Autriche, pour prix d’un accord dans l’affaire des duchés, de lui garantir par ses armes la possession du royaume vénitien[6] Peu après, — hiver de 1864-1865, — le kronprinz Frederick et sa femme, la princesse Victoria, de passage à Turin, faisaient au prince royal d’Italie le désagréable refus d’une hospitalité courtoisement offerte, et s’en allaient tout droit figurer aux fêtes que le général autrichien Benedeck leur préparait à son camp de Vérone[7]. Telle avait été la constante politique de la Prusse, lorsque, par un revirement subit, elle songea à se faire un allié de ce royaume d’Italie pour lequel elle n’avait nourri, jusqu’alors, que des sentimens malveillans.

Je ne raconterai pas ici les péripéties de l’alliance italo-prussienne de 1866, qui eut pour résultats parallèles : du côté italien, la défaite de Custozza et la délivrance de Venise ; du côté prussien, la victoire de Sadowa et l’expulsion de l’Autriche de la confédération allemande. Ces péripéties se trouvent décrites, avec une pleine autorité, dans le livre si connu du général La Marmora, Un pò più di luce sugli eventi polilici e militari dell’anno 1866, ainsi que dans d’autres ouvrages également très répandus.

Je n’en veux relever que deux traits saillans, l’un qui marque le début de cette alliance, l’autre la fin.

  1. Voir Une page d’histoire du gouvernement représentatif du Piémont par Chiala. Turin, 1858.
  2. Voir la Politique du comte de Cavour, par Nicomede Bianchi.
  3. Voir le discours d’ouverture de la couronne de Prusse. (Session de 1859.)
  4. Note de M. de Schleinitz en date du 13 octobre 1860.
  5. Voir La Marmora, Un pô più di luce.
  6. Dépêche de sir A. Buchanan à lord John Russell du 12 mars 1864.
  7. Voir le général La Marmora et l’alliance prussienne. Voir aussi Jacini, Due anni di politica italiana.