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Le fonctionnement des comptes courans se fait exclusivement à l’aide de chèques fournis par la Banque ; pour le transfert d’un compte à un autre, soit au même siège, soit à un autre siège de la Banque, le titulaire du compte se sert de choques rouges semblables aux pièces de viremens employées par la Banque de France, chèques faits au nom de la personne bénéficiaire et qui ne peuvent être transmissibles à des tiers ; ces chèques doivent être présentés aux guichots de la Banque avant quatre heures et demie de l’après-midi. Les retraits de fonds ont lieu à l’aide de chèques blancs spéciaux, la Banque perçoit sur ces retraits une commission de 1/5 par mille. Elle se charge de faire accepter les lettres de change, remises par le titulaire d’un compte qui est autorisé à domicilier ses effets à payer, à la Banque ou au siège que cela concerne.

Les sommes déposées en comptes courans à la Banque sont administrées par elle sans frais, mais elle ne leur sert pas d’intérêt. À l’exemple des banques anglaises, elle exige le dépôt constant d’une somme, variable suivant l’importance des transactions.

Les banquiers d’Alsace-Lorraine, habitués à ce mode de procédés par suite de leurs relations avec la Banque de France, apportaient immédiatement leur clientèle à la Banque d’Allemagne ; mais celle-ci avait eu en vue d’obtenir l’ouverture de comptes courans au commerce et à l’industrie, qui lurent beaucoup plus lents à s’en servir. On emploie la Banque pour l’encaissement d’effets de peu d’importance, même de 5 et 6 marks, ce qui implique pour elle des frais élevés et l’amène à exiger une commission de 20 pfennings par effet retourné impayé. La Banque voulait arriver surtout à devenir le caissier général, dispensant le public d’avoir de grosses sommes chez lui. Elle n’avait pas moins l’ambition de devenir le banquier de l’État, des autorités publiques et locales, civiles et militaires : en Angleterre, en Belgique, la Banque est le caissier du gouvernement. En Allemagne, la Banque doit recevoir et effectuer sans compensation des paiemens pour le compte de l’empire jusqu’à concurrence du crédit que celui-ci possède et accorder les mêmes avantages aux États confédérés ; elle est obligée d’administrer gratuitement les capitaux de l’empire et de tenir la comptabilité des paiemens faits ou reçus pour son compte. Les opérations de la caisse centrale de l’empire sont conduites par elle, et la caisse elle-même est unie à celle de la Banque.

Les gouvernemens fédéraux peuvent également profiter des guichets de la Reichsbank ; le minimum des encaissemens ou des paiemens effectués pour leur compte est fixé à 10,000 marks. On sait d’ailleurs que la gratuité des opérations de trésorerie ne