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Chacune de ses subdivisions administratives a ses attributions propres ; les unes ne font que des avances, alors que les autres traitent non-seulement les opérations d’avances, mais encore achètent des lettres de change et font tout ce qui constitue la banque.

La succursale de Strasbourg devint un siège principal, celles de Mulhouse et de Metz des sièges ordinaires, à partir du 1er janvier 1876. A la même date, le mark était devenu la monnaie officielle de l’empire, et depuis le 1er octobre 1875, les pièces d’argent et de bronze françaises avaient perdu le cours légal. Cela n’empêche pas que des traites sont encore tirées et circulent en Alsace-Lorraine, libellées en francs ; les banquiers y ont conservé l’habitude de tenir les écritures en francs et en marks, se servant du change fixe de 100 francs = 80 marks, qui leur est favorable.

Tout ce papier, libellé en francs, échappe donc à la Banque d’Allemagne, mais celle-ci subit en outre la concurrence des banques locales et surtout des banques de l’Allemagne du Sud, qui escomptent au-dessous du taux officiel, prenant même des effets à plus de trois mois. C’était surtout la pratique des banques qui avaient le privilège de l’émission et qui faisaient une différence suivant la qualité des signatures, ne se bornant pas à un taux unique. La Banque d’Allemagne protesta auprès du conseil fédéral, mais celui-ci fut impuissant à trouver un paragraphe de loi pour la protéger : elle n’eut rien de mieux à faire que d’imiter ses concurrens et d’escompter à meilleur marché que le taux officiel ; ce fut le moyen de ne pas laisser ses capitaux oisifs. Cette réforme date de janvier 1880 : grâce à elle, la Banque exerce une plus grande influence sur le marché financier, qu’elle suit de plus près. D’ailleurs, dès que le change devient défavorable à l’Allemagne, et qu’on est menacé d’un drainage d’or, elle cesse de prendre du papier au-dessous du taux officiel et n’hésite pas à hausser celui-ci.

La concurrence que les banquiers et les banques font à l’institution centrale est des plus vives, notamment au point de vue des encaissemens d’effets : la Banque d’Allemagne est privée ainsi du moyen de surveiller de plus près la circulation du papier et les opérations de crédit. Elle s’efforce cependant d’attirer le plus possible les lettres de change à courte échéance en réduisant la commission à payer pour les petits effets, ce qui doit profiter au petit commerce.

Le montant des effets escomptés par les trois succursales d’Alsace-Lorraine a été de 133 millions de marks en 1877, 126 millions en 1878, 152 millions en 1881, 171 millions en 1883, 143 millions en 1886, 175 millions en 1889. On voit que l’importance du chiffre varie dans des proportions assez