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dans une véritable consternation ; quelques journaux ont tracé le tableau le plus sombre des misères que cet acte d’hostilité de la Russie à l’égard de l’Allemagne préparait pour l’hiver prochain aux populations situées à l’ouest de la Vistule.

Le marché de Berlin, sous l’action de ces divers facteurs, ne pouvait que présenter une physionomie attristée. Le rouble a constamment baissé, atteignant le cours de 2.10 marcs qui correspond au prix de 262 fr. 50. L’emprunt d’Orient, libellé en rouble papier, a été directement affecté par cette réaction et a fléchi de 69 3/8 à 68 3/8. Le 4 pour 100 consolidé des Chemins de fer, emprunt en or, a moins baissé, et ne perd qu’une demi-unité, à 95 1/2. Le 4 pour 100 1880, après avoir abandonné un moment le cours de 96, l’a repris et reste, comme à la fin de juillet, à 96 1/2. La rente italienne, dont les mouvemens sont déterminés principalement par les tendances qui règnent à Berlin, a eu un marché très agité au moment de la liquidation ; après avoir, toutefois, baissé de 90.10 à 89.50, elle s’est relevée à 90.30 et finit à 90.10. Le 4 pour 100 hongrois n’a pu conserver ce même cours de 90 et a reculé de 90 5/16 à 89 3/4.

Le Portugais 3 pour 100 s’est maintenu aux environs de 38 1/2 pendant toute la quinzaine, malgré une nouvelle et très importante baisse des valeurs de la Compagnie royale des chemins de fer portugais. L’action de cette Société a été précipitée de 175 à 113.75, l’obligation 3 pour 100 de 219 à 182, l’obligation 4 pour 100 de 270 à 205. Il est à noter que la rente 4 pour 100 de l’État portugais reste cotée, le samedi 13, à ce même cours de 205. Le crédit de la compagnie et celui de l’État se trouvent ainsi ramenés au même niveau. La situation monétaire à Lisbonne s’est un peu détendue. Toutefois la prime de l’or n’est pas redescendue au-dessous de 20 à 25 pour 100.

A Madrid, l’on fait 8 pour 100 de prime, et cette question de change a provoqué encore des ventes d’obligations des chemins de fer espagnols. Mais les bas cours cotés fin juillet ont sollicité d’autre part des acheteurs, et finalement ce groupe de titres est en reprise. Les obligations des Andalous se sont relevées de 343 à 350, les Nord de l’Espagne, 1re série, de 387 à 390, 2me série, de 359 à 370, 3me série, de 349 à 357, les Pampelune, de 346 à 352, les Barcelone de 347 à 352. Les Cacérès ont reculé de 240 à 205, et les obligations ouest de l’Espagne de 250 à 155. L’Extérieure, après avoir reculé à 70 en liquidation, a repris à 71 1/4, puis s’est tenue entre 70 1/2 et 71. La situation financière de l’Espagne reste très peu satisfaisante, le gouvernement ne pouvant tenter l’application de la loi récemment votée par les cortès, soit pour l’émission d’un emprunt, que les circonstances actuelles rendent impossible, soit pour l’expansion de la circulation fiduciaire, puisque la seule crainte de cette expansion a déjà suscité un agio de 8 pour 100.