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ETUDES SUR LE XVIIe SIECLE

V.[1]
LA PHILOSOPHIE DE BOSSUET.

Il y aurait plusieurs hommes à étudier dans Bossuet, et, si nous osions en courir l’aventure, de récens et excellens travaux nous y inviteraient comme de toutes parts. La savante Histoire critique de la prédication de Bossuet, par M. l’abbé Lebarq, elle-même suivie d’une nouvelle édition des Sermons, dont les deux premiers volumes viennent justement de paraître, nous serait sans doute une heureuse occasion de reparler ici du plus grand des orateurs. Je l’appelle le plus grand, et il l’est, d’autant que les intérêts éternels qu’il agite dans ses Sermons sont eux-mêmes au-dessus de ceux qu’ont remués dans leurs discours les Démosthène, les Cicéron, les Mirabeau. Mais, au lieu de l’orateur, si c’était plutôt l’écrivain qu’on voulût étudier, le livre de M. R. de la Broise sur Bossuet et la Bible nous en procurerait tout naturellement le prétexte. Il ne se peut pas que plus de soixante ans d’un assidu commerce avec la Bible n’aient profité, par l’intermédiaire de Bossuet, à l’enrichissement de la langue ou de la pensée française, et, certes, pour grand qu’il soit, il n’en a pas changé les destinées, mais, en y versant sa propre originalité, peut-être trouverait-on qu’il en a modifié le caractère. Enfin, c’est un meilleur livre encore que le Bossuet de M. Lanson, dont on pourrait s’inspirer et s’aider pour tracer un nouveau portrait de l’homme. La moindre

  1. Voyez la Revue du 1er août 1890.