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occupé par l’enseignement général et qu’au moins une partie des travaux et des exercices puisse quelque peu rapprocher le terme de l’apprentissage. » — À ces jeunes gens il faut un peu de connaissances générales, car « l’éducation de l’esprit précède celle de la main ; » mais encore plus de pratique et d’applications : c’est aussi ce qu’on a fait. Le cours d’études dure trois ans. La première année, qui résume et complète les leçons de l’école primaire, réunit tous les élèves dans un enseignement commun. Dès la seconde, ils se séparent en quatre sections diverses : la section normale, qui contient ceux qui ne se préparent pas encore à une profession particulière et veulent seulement apprendre un peu plus qu’ils ne savent ; puis les sections industrielle, commerciale et agricole. Je n’ai pas besoin de dire que, dans chacune d’elles, les matières de l’enseignement sont appropriées à la destination des élèves ; et l’on ne se contente pas de leur apprendre la théorie des professions qu’ils doivent exercer, on leur en montre la pratique. Ils fréquentent l’atelier du fer et l’atelier du bois, ils manœuvrent les machines, ils sèment et ils labourent. Il faut croire que cet enseignement avait sa raison d’être > qu’il devait être impatiemment attendu et souhaité, puisqu’il a obtenu du premier coup un succès éclatant. Il n’est presque que d’hier, on peut même dire qu’il n’existe pas tout à fait encore, car il n’a pas reçu son organisation définitive[1], et il compte déjà plus de vingt-cinq mille élèves.

Voilà comment il s’est fait que, l’enseignement spécial se détournant de plus en plus des classes qui sont intermédiaires entre le peuple et la bourgeoisie pour s’élever plus haut, l’enseignement primaire supérieur a recueilli cette partie de son héritage ; et il est vraisemblable qu’elle ne dépérira pas entre ses mains.


IV

Reste l’autre partie, celle qui concerne les jeunes gens d’une situation un peu plus relevée, et qui ont assez de fortune et de loisir pour pousser leur éducation plus loin. C’est elle que nous venons de voir successivement renforcée et fortifiée jusqu’à devenir presque une rivale de l’enseignement classique. Quoiqu’on s’en soit beaucoup occupé depuis dix ans, on a jugé qu’il y restait quelque chose à faire, qu’il fallait coordonner et achever les réformes qu’on avait ébauchées en 1881 et en 1886, et c’est le travail qui a rempli la dernière session du conseil supérieur de l’instruction publique.

  1. Le projet de règlement organique pour les écoles primaires supérieures, préparé par une commission, ne sera admis au conseil supérieur de l’instruction publique que dans une prochaine session.