Nous trouvâmes la ville de Puerto-Real abandonnée, tous ses habitans avaient pris la fuite et s’étaient réfugiés à Cadix ou à San-Fernando, dans l’île de Léon. Il était nuit ; nous nous logeâmes comme nous pûmes et nous gardâmes soigneusement.
Au moment où l’avant-garde de la division arrivait à Puerto-Real, le général espagnol, duc d’Albuquerque, que nous avions combattu dans la Sierra-Morena, achevait d’embarquer ses troupes pour les faire passer dans l’île de Léon.
Il est hors de doute que si, au lieu de séjourner en Andalousie pour attendre le roi Joseph, pendant les débats de Carmona, et orner son entrée à Séville, le 1er corps avait marché résolument sur Cadix, il serait arrivé à la côte avant la plus grande partie des troupes espagnoles.
Il eût été possible alors de s’emparer, par surprise, de l’île de Léon, peut-être même de Cadix, qui n’avait encore que peu ou point de garnison ; mais nous avions manqué le moment.
Avant l’arrivée des membres de la junte centrale, venant de Séville, il s’était établi à Cadix une junte locale insurrectionnelle, qui avait renversé les autorités royales et pris la direction de la défense. C’est elle qui avait fait commencer des travaux de fortification dans l’île de Léon, appelé des troupes espagnoles qui atteignirent le chiffre de 18,000 hommes, et qui avait autorisé, ensuite, le débarquement de 4,000 Anglais.
On avait fait espérer au roi Joseph que ses partisans parviendraient à lui faire ouvrir les portes de Cadix, comme celles de Séville, mais le marquis de Guera, envoyé en parlementaire, de Puerto-Real à Cadix, avait été arrêté par les insurgés. La sommation de capituler, adressée par le maréchal Victor à la junte, n’avait produit aucun effet.
La réponse avait été hautaine et même outrageante. Les Anglais débarquèrent ; la côte se couvrit de redoutes et de batteries, ar-