reposer, disent-ils ? Et c’est eux qui proposent des vacances à leurs domestiques au lieu de les accorder à contre-cœur, comme on ferait ailleurs. Ce n’est là qu’un détail, mais je crois y voir le signe d’un très heureux état d’esprit et d’un état social particulièrement avancé. — Autre chose : il s’est accompli un grand changement dans le ton de la société depuis vingt-cinq ans à Birmingham ; des témoins de cette transformation en font loi. On n’assiste plus à ces orgies de whisky, de bière et de porto qui étaient l’habitude courante en haut comme en bas. Il s’est développé un goût très prononcé pour la lecture, après le travail de la journée, parmi les ouvriers comme chez les patrons. L’école a exercé assurément une grande influence : il y eut d’abord action de l’école sur a société, — action bienfaisante ; nous allons voir qu’il y a aujourd’hui réaction de cette société plus éclairée sur l’école, — réaction également bienfaisante.
Birmingham possède une organisation complète et très démocratique de l’enseignement : c’est peut-être la seule ville d’Angleterre où ce phénomène se puisse observer. Grâce à un système de bourses très compréhensif et très libéral, l’enfant capable et méritant est cueilli à l’école primaire, conduit à une école secondaire où il peut prolonger son instruction jusqu’à quinze et seize ans, pour se lancer ensuite dans les affaires ; il peut encore, toujours soutenu par une bourse, s’il en a gagné une nouvelle, aller puiser à l’École des beaux-arts ou au Mason College un complément supérieur d’instruction générale et technique. De même le fils d’ouvrier peut être mené, s’il se signale, de l’école primaire à Oxford ou Cambridge par une série d’échelons.
En 1870, au moment du vote de la loi Forster, il y avait dans les écoles primaires de Birmingham place pour 30,000 enfans, alors qu’il en eût fallu pour 55,000. Mais 16,000 enfans seulement allaient à l’école ; 50.3 pour 100 du nombre des enfans inscrits participaient à l’instruction. En quinze ans le School Board, ou comité des écoles, institué par la loi Forster, a bâti 32 groupes scolaires ; et il y avait place en 1885 dans les écoles de la ville pour 65,212 enfans. La place a été plus que doublée en quinze ans. D’autre part, les chiffres de présence ont monté de 50.3 pour 100 des inscrits à 85 pour 100. L’accommodation intérieure de ces écoles est parfaite ; le corps enseignant nombreux, capable et plein d’ardeur. Aussi l’enseignement donné dans les écoles primaires de Birmingham dépasse-t-il sensiblement le niveau habituel de l’enseignement primaire. Le directeur d’une école secondaire me disait que ses élèves les mieux préparés étaient ceux qui lui venaient des écoles du School Board.