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(aldermen et conseillers) représente assez exactement tous les intérêts et toutes les classes sociales : il se compose de 17 chefs d’industrie, de 7 boutiquiers, d’un certain nombre de grands commerçans, de membres distingués des professions libérales (médecins, hommes de loi, etc.), de rentiers (la plupart anciens négocians, industriels, etc.), et de 4 ouvriers. Quant aux nuances politiques, le conseil se divise ainsi : 25 libéraux unionistes, 24 libéraux gladstoniens, 2 libéraux indépendans, 11 conservateurs, 2 conservateurs indépendans. La politique joue un grand rôle dans les élections ; unionistes et gladstoniens ne manquent pas alors de faire intervenir la question d’Irlande. Mais la période électorale passée, le conseil élu et réuni, les questions de politique générale disparaissent à l’arrière-plan, et tout le monde est d’accord pour faire au mieux les affaires de la ville : les partisans de M. Chamberlain, ennemis jurés des libéraux gladstoniens, se rencontrent plus souvent dans les votes avec ceux-ci qu’avec leurs alliés politiques, les conservateurs. Une autre preuve de la sagesse pratique de ce corps municipal : le conseil ne tient en général que 12 séances plénières par an, jamais plus de 16 en tout cas ; donc peu ou point de discours bruyans et vains. Tout le travail est fait dans les différens comités. Le conseil décide en dernier ressort dans les affaires de grande importance. Mais pour le train ordinaire des choses, il délègue une partie de ses pouvoirs aux comités, et, afin d’éviter des pertes de temps, quand l’accord est obtenu sur les grandes lignes d’un projet, il attribue même aux comités le droit d’ordonnancer les dépenses dans les limites des fonds votés pour un objet déterminé. Sans doute, le procédé n’est pas tout à fait régulier ; mais la commune de Birmingham, qui était encore à naître il y a un demi-siècle, est devenue promptement majeure ; après avoir lutté pendant des années pour obtenir le droit de se gouverner elle-même, elle traite aujourd’hui de puissance à puissance avec le gouvernement central ; on lui fait bien des concessions qu’à de moins vivaces et de moins robustes on refuserait tout net.

Le conseil vote les contributions locales et contrôle l’emploi des fonds. Les comités, qui abattent le gros de la besogne, sont en général composés de 8 membres ; le maire est membre ex officio de tous les comités ; il sert de lien entre tous ces corps délibérant et agissant séparément ; il maintient par ses avis l’unité et l’harmonie dans l’administration. Les plus importans de ces comités sont ceux des finances, de l’eau et du gaz.

En 1838, première année de la vie municipale de Birmingham, la ville comptait 170,000 habitans, elle en a 454,000 environ,