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LE
LATIN VULGAIRE
D’APRÈS LES DERNIÈRES PUBLICATION

I. Koffmane, Geschichte des Kirchenlateins, en cours de publication. Breslau. — II. Sittl, Die localen Verschiedenheiten der lat. Sprache Erlangen, 1882. — III. Edon, Latin savant et latin populaire. Paris, 1882. — IV. Gölzer, Latinité de saint Jérôme. Paris, 1884. — V. Boissier, Études sur Sedulius, Commodien et saint Jérôme. Paris, 1882-1884. — VI. Régnier, Latinité des sermons de saint Augustin. Paris, 1887. — VII. Rönsch, Semasiologische Beiträge zum lat. Wörterbuch. Leipzig, 1890. — VIII. Meyer-Lübke, Grammaire des langues romanes, traduction française. Paris et Leipzig, 1890.

La question du latin vulgaire préoccupe en Allemagne et en France beaucoup de savans. Et ce n’est point, comme il peut sembler au premier coup d’œil, simple fantaisie d’érudits. Il y a là vraiment un problème historique fort important. Au fond, quand on cherche à se figurer le langage des gens du peuple dans l’ancienne Rome et dans les provinces, il ne s’agit de rien moins que de démêler la véritable origine du français, de l’italien, de l’espagnol, de toutes les langues romanes. — Évidemment, c’est là pour nous l’objet principal de cette étude. Mais ce n’est pas le seul ; et cette question, si on la résout, peut en éclairer beaucoup d’autres. L’humaniste, s’il veut tenir compte de ce latin populaire que tout le monde savait à Rome, comprendra mieux la littérature ; il s’expliquera, s’il les rencontre chez les comiques, dans les pères de l’église, même chez les classiques proprement dits, certaines façons de parler, qu’autrefois l’on traitait simplement de négligences, ou de licences, ou d’incorrections. L’historien, devant cette persistance