Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 106.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saurait cependant voir là un fait de race, d’ordre purement physiologique ; il tient sans doute uniquement aux mœurs, à l’esprit de famille des juifs, au dévouaient des parens, aux soins donnés par la mère à ses enfans, et aussi, à la chasteté du lit conjugal, aux prescriptions de la loi, aux égards et au respect du mari pour la santé de sa femme. Il est remarquable que les privilèges « biostatiques » des juifs commencent dès avant la naissance : les israélites comptent partout beaucoup moins de mort-nés que les chrétiens[1]. Autre fait du même ordre et également à l’honneur des juifs : on relève parmi eux notablement moins de naissances naturelles que parmi les catholiques ou parmi les protestans, et cela quoique les juifs habitent de préférence les villes. Or chacun sait que, dans les villes, le nombre des enfans naturels est incomparablement plus élevé que dans les campagnes. C’est là un point sur lequel la supériorité des juifs et des mœurs juives est incontestable.

Terminons, à cet égard, par une observation générale. On a remarqué que les différences « biostatiques » entre les juifs et les chrétiens vont en diminuant, à mesure qu’on avance de l’Est à l’Ouest, — des pays où les juifs vivent isolés aux contrées où ils se mêlent aux autres habitans. De même, en Amérique, les rédacteurs du Census Bulletin font observer que plus se prolonge le séjour des juifs en Amérique, et plus le taux moyen des naissances et des décès tend, chez eux, à se rapprocher de la moyenne générale des États-Unis. En d’autres termes, des deux côtés de l’Atlantique, les particularités qui distinguent les juifs tendent à s’atténuer avec l’assimilation des juifs à la population environnante. Plus ils prennent les mœurs et les coutumes des goïm, moins ils s’en distinguent, dans leur corps et dans leur âme. Ils se feraient tous baptiser que, au bout de deux ou trois générations, le statisticien ne trouverait, chez eux, rien de singulier. Au fond de toutes les différences entre eux et leurs voisins, on retrouve toujours la loi, la Thora.

Et, en effet, les avantages que la statistique relève chez les juifs doivent, pour une bonne part, être imputés à leur religion et à leurs rites. Israël serait toujours fidèle à la Thora que sa supériorité sur « les mangeurs de porc » serait encore plus manifeste. On a observé, en plusieurs pays, que les juifs semblaient posséder une immunité vis-à-vis de certaines maladies infectieuses. Le fait a été parfois si bien constaté qu’il est difficile à nier. Ces immunités, elles

  1. Un fait plus singulier, et qu’on a voulu aussi expliquer par des causes physiologiques liées aux lois rituelles, c’est l’énorme prédominance, parmi les juifs, des naissances masculines sur les féminines. L’écart est quelquefois tel qu’on se demande si les familles juives n’ont pas souvent omis de faire enregistrer la naissance des filles.