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grand air, nuit et jour, hiver comme été, et ils sont morts sous les tropiques comme dans l’Engadine, et ils continuent à mourir à Falkenstein comme au Canigou.

Hâtons-nous de dire toutefois que la question du séjour n’est pas indifférente pour eux. Les climats extrêmes leur sont contraires ; les régions équatoriales sont aussi funestes pour eux que les contrées froides et humides du Nord de l’Europe ; les meilleures conditions dans lesquelles on puisse les placer se trouvent réalisées dans certaines localités situées à la limite de la zone des climats chauds et de celle des climats tempérés, sur le bord de la mer et à l’abri des vents froids. Les malades trouvent, dans ces refuges maritimes, un air pur, exempt de poussières suspectes, riche en ozone, la grande lumière et le soleil vivifiant du Midi. Ils peuvent vivre au dehors, pendant une partie de la journée, faire un peu d’exercice et prendre quelques distractions. On les voit promener sur le sable des plages, leur faiblesse, leur maigreur et leurs illusions, car les phtisiques sont, de tous les malades, ceux qui conservent le plus longtemps l’espérance et qui se cramponnent à la vie avec le plus d’acharnement. C’est pour cela qu’ils acceptent avec tant d’entrain et de courage tous les traitemens qu’on leur propose, quelque rigoureux qu’ils soient, et c’est également pour cela que les médecins, dans leur sympathie pour ces malheureux si confians et si résolus, vont jusqu’à tenter l’impossible pour tâcher de les arracher à la mort.

Les stations qui conviennent aux poitrinaires ne sont pas nombreuses. En dehors de l’île de Madère, qui n’est fréquentée que par les Anglais, et les pays trop éloignés de l’Europe pour que nos malades puissent en profiter, les localités dans lesquelles ils trouvent un refuge appartiennent au bassin de la Méditerranée. Elles sont situées sur les côtes de la France, de l’Espagne et de l’Italie, sur celles de l’Algérie et de l’Egypte.

Les stations méridionales dont je viens de parler ne sont guère fréquentées par les malades que pendant l’hiver. Elles avaient autrefois pour complément nécessaire une saison aux eaux thermales ; mais la vogue de celles-ci a bien diminué. Il fut un temps où les eaux des Pyrénées passaient pour souveraines dans le traitement de la phtisie. Daralde avait fait aux Eaux-Bonnes une réputation qui y attirait, chaque année, des milliers de malades. Depuis sa mort, ils en ont quelque peu oublié le chemin. Les eaux de Cauterets, d’Amélie-les-Bains, celles d’Allevard sont également moins fréquentées ; on leur préfère aujourd’hui le Mont-Dore et quelques médecins envoient leurs cliens à la Bourboule ; mais personne n’a