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les systèmes comparurent, toutes les solutions furent proposées. Dans la section, M. E. Labiche, sénateur, rédigeait un rapport dont les conclusions étaient toutes en faveur de ce genre de crédit qui ne rencontra, au reste, que des adhésions. En séance publique, M. Léon Say ouvrit le feu, si l’on peut parler ainsi, par une conférence qui n’était à quelques égards que le commentaire des idées développées dans l’étude où il avait décrit avec plus d’ampleur et de précision qu’on ne l’avait fait encore le mécanisme des banques agricoles dans la Haute-Italie. Il y rappelait ce qui s’était fait à l’étranger à l’aide de la mutualité, et tout en insistant sur les difficultés qui pouvaient venir en France, soit de la part des hommes, soit de celle des choses, il ne croyait pas les obstacles insurmontables ; il cherchait la solution dans des combinaisons variées qui ne compromettaient rien en permettant des essais faits avec prudence et destinés selon toute vraisemblance à devenir féconds. Nous aurons à y revenir en parlant des moyens d’organisation proposés. Mais il faut d’abord jeter un coup d’œil sur la nature des obstacles législatifs qui s’opposent à toute réalisation du crédit agricole. Hâtons-nous de dire seulement, en ce qui touche le congrès international, qu’il ne voulait pas se séparer sans charger son bureau de former une commission ayant pour objet de poursuivre cette tâche, et qu’une fois nommée[1], cette commission se réunissait plus d’une fois et aboutissait à dégager les élémens d’un projet de loi rédigé par son président. C’est ce projet qui est actuellement soumis aux délibérations de la chambre des députés et que nous apprécierons en son lieu.


III

Toutes les propositions de crédit agricole sont venues échouer devant des obstacles opposés par la législation, qui n’a pas cessé de se dresser aujourd’hui contre les projets du même genre. Le crédit fait par simples avances de marchandises, dont nous avons cherché à donner plus haut une idée, simplifierait, disons-le tout d’abord, extrêmement les difficultés. Un fournisseur n’a guère

  1. Cette délégation se composait de MM. Méline, président ; Gomot, ancien ministre de l’agriculture ; Baudouin, sénateur du royaume des Pays-Bas ; Foucher de Careil, Émile Labiche, sénateurs ; Ribot, député ; Louis Passy, député, secrétaire perpétuel de la Société nationale d’agriculture ; marquis de Dampierre, président de la Société des agriculteurs de France ; Tisserand, directeur de l’Agriculture ; Baudrillart, membre de l’Institut ; Henri Besnard et Jules Bénard, de la Société nationale d’agriculture ; Thellier, président honoraire de la Société des agriculteurs du Nord ; Sagnier, directeur du Journal d’Agriculture ; Tardit, auditeur au conseil d’état, secrétaire.