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Le 10 novembre, au point du jour, tout le 1er corps était sous les armes. On voyait très distinctement la ligne de bataille de l’armée espagnole, en avant d’Espinosa. La droite de cette ligne s’appuyait à la rivière de la Trueba. Le centre occupait un mamelon isolé, sur lequel on avait établi une batterie de huit pièces. La gauche s’étendait sur une haute montagne, qu’elle coupait obliquement de la base au sommet, où étaient placées les milices, avec quelques pièces de canon de petit calibre.

Les chemins affreux que nous avions parcourus la veille ne nous avaient permis d’amener ni nos caissons de cartouches, ni un seul canon. Le corps du maréchal Lefebvre, qui devait agir de concert avec nous, ne paraissait pas. Ce maréchal était mécontent du duc de Bellune, et il en avait quelque raison. Après être convenus ensemble de l’ordre de marche, du plan d’attaque et de l’heure du départ, le duc de Bellune avait commencé son mouvement trois heures plus tôt, pour combattre seul les Espagnols. Lefebvre, piqué, ne se pressait pas d’arriver, et, dans cette circonstance, tout le monde donna tort au duc de Bellune.

Il en était toujours ainsi quand les maréchaux étaient éloignés de l’empereur. Alors qu’ils n’étaient que généraux de division, ils étaient encore disposés à se porter mutuellement secours ; mais,