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les populations rurales de l’ouest. La taxe sur la laine brute a été exigée par la classe très influente des producteurs de laine. Le sud a réclamé la taxe protectrice sur le tabac. Comme la suppression-des droits sur le sucre était un coup terrible pour les propriétaires-de plantations sucrières, on l’a atténué par l’ajournement de la mise en vigueur de la clause de suppression au 1er avril 1891 et par l’établissement d’un système de primes destinées à compenser la perte de la protection. La première classe des produits frappés, produits chimiques, huiles.., présente peu de modifications. En 1889, la valeur totale des importations de cette classe a été de 15 millions de dollars-environ, les droits perçus ont été un peu inférieurs à 4 millions 1/2. Avec les nouveaux droits, la perception, à quantités égales, atteindra exactement 4 millions 1/2.

Les droits ont été légèrement augmentés sur les 18,420,000 dollars de marchandises entrées en 1889 sous la classe II du nouveau tarif, poterie, verrerie…

La classe III, métaux bruts et manufacturés.., représente 50 millions de dollars de marchandises importées et 19,239,000 dollars de droits payés en 1889. Le tarif Mac-Kinley double à peu près le montant des droits et en élève ainsi la moyenne de 40 à 80 pour 100. L’étain, à partir du 1er juillet 1891, paiera 2.2/10 cents par livre au lieu de 1 cent, taux précédent, et l’objet de cette énorme augmentation de 3/1.69 pour 100 à 76 1/4 pour 100 ad valorem est, non plus, comme pour le reste, de protéger une industrie existante, mais bien de créer de toutes pièces une industrie nouvelle.

La prétention a été jugée outrecuidante en Angleterre, où le nouveau droit sur l’étain est une très grosse menace pour les mines et l’industrie du pays de Galles. Est-elle vraiment outrecuidante ? et ne lisons-nous pas dans nos manuels d’histoire : « Colbert voulut que la France pût se suffire à elle-même, et, pour donner le temps à notre industrie de grandir, il la mit sous l’abri d’une protection salutaire. Le système protecteur nuit à une industrie développée, mais est indispensable à une industrie naissante ? » Cette dernière assertion s’applique assez bien à la pensée de créer aux États-Unis une industrie de l’étain ; peut-être M. Mac-Kinley aurait-il pu méditer avec fruit la première : « Le système protecteur nuit à une industrie développée. » Il semble que l’industrie américaine n’est plus dans l’enfance, qu’elle est même déjà grandelette.

En 1889, les États-Unis ont importé de l’étain pour une valeur de 21 millions de dollars (327,000 tonnes ou 728 millions de livres anglaises de 450 grammes), et cette importation a payé à la douane 7,279,000 dollars. La même quantité, importée à l’avenir, paierait annuellement, à partir du 1er juillet 1891, plus de 16 millions de