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facteurs, héros, fable et poème ; cette symétrie matérielle réalisée, son œuvre est accomplie. Elle ne s’avise même pas qu’il puisse y avoir là un élément propre à la forme dramatique. Elle transporte sans hésiter ces a articulations » dans l’épopée. En revanche, elle y trouve matière à des catégories nouvelles où la passion de l’analyse s’épuise en distinctions vaines. On ne nous énumère pas moins de soixante-quatre élémens divers qui contribuent à les constituer. Je fais grâce aux lecteurs du décompte. On y reconnaîtrait aisément combien cette théorie marche au hasard, sans être guidée par un enchaînement logique, sans être soutenue par une conscience nette de l’évolution qu’il eût fallu justement suivre pas à pas.

Ce sont là des traits de caractère. Que serait-ce si nous suivions la poétique quand elle applique aux aspects secondaires du théâtre, aux quatre tons, aux trente-trois moyens, aux trente-six ornemens, etc., et à leurs subdivisions les ressources de son analyse infatigable ! Nous n’avons pas de vues générales à en attendre ; l’expérience est faite. Il reste au moins deux articles, les sujets et les caractères, sur lesquels nous ne pouvons nous dispenser de l’écouter.

Naturellement, elle distingue un nombre de genres énorme ; elle n’en répartit pas moins de vingt-huit en deux séries : l’une de dix genres principaux, l’autre de dix-huit genres secondaires ; elles sont censées distinguées par la prédominance dans la seconde des arts auxiliaires, de la danse, de la mimique et du chant. Cette nuance même est-elle sérieusement établie ? On en peut douter quand on voit la nâtikâ, la petite comédie héroïque, une des formes les plus courantes, comprise dans le second groupe. L’énumération des dix genres principaux nous aidera à nous orienter. La comédie héroïque, — nâtaka, — le type le plus complet et le plus relevé, en un nombre d’actes qui varie de cinq à dix, et où le merveilleux contribue au dénoûment ; elle expose quelque légende célèbre ; — la comédie bourgeoise dont le sujet est de l’invention du poète et met en scène un héros d’ordre moins relevé, ministre, brahmane ou marchand, qui poursuit à travers toutes sortes d’obstacles une intrigue amoureuse ; — le monologue ; — la farce, pure, basse ou mêlée, suivant les personnages qu’elle met en scène ; — le drame fantastique, qui, en quatre actes, met en scène une histoire connue, d’un caractère terrible, où les prestiges de la magie accentuent l’horreur de l’action ; — le spectacle militaire, consacré en un acte à un héros célèbre et de haut rang ; — le drame surnaturel, qui, en trois actes, expose quelque sujet merveilleux dont les dieux et les démons sont les héros. Les trois dernières classes se dérobent même à la traduction ; elles paraissent n’avoir été cataloguées qu’en vue