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dans le nouveau : fait que le public spéculateur fera sagement de ne pas omettre dans ses calculs pour cet automne.

Grâce à cet afflux d’or, le marché de Londres s’est remis de la secousse violente des premiers jours de mai, et la liquidation vient de s’y effectuer dans des conditions favorables. Sur la place de Paris, le signal de la reprise a été donné par nos rentes françaises, placement vers lequel l’épargne est incitée à se porter par les troubles mêmes auxquels sont exposés, ainsi qu’on vient d’en faire une nouvelle épreuve, les placemens moins sûrs.

Le 3 pour 100 a été porté en baisse jusqu’à 92.25. En réalité, ce cours n’a fait sur la cote qu’une très brève apparition. Inscrit à la fin d’une Bourse où la réaction avait été de 65 centimes, il faisait place le lendemain, à la même heure, à un cours de 65 centimes plus élevé. D’assez nombreuses transactions ont eu lieu entre 92.75 et 93 francs. C’est sur ce niveau qu’un mouvement d’amélioration s’est produit, et déjà la rente était à 94.40 à la fin de la Bourse du 29. Elle n’était plus séparée que par 25 centimes du cours de compensation du 1er mai.

Quant au principal moteur de ce mouvement, il faut le chercher, aujourd’hui comme auparavant, dans la persistance régulière des achats de rente effectués au comptant par la Caisse des dépôts et consignations pour les caisses d’épargne ordinaires et pour la Caisse d’épargne postale. Il n’y a point de considération qui vaille contre la toute-puissance de ce fait brutal. Il convient seulement de ne pas oublier que l’épargne n’achète pas directement, que ce qu’elle confie au gouvernement par l’intermédiaire des caisses instituées à cet effet, c’est de l’argent liquide, et que ce que le gouvernement, ou la Caisse des dépôts et consignations, représentant en cette affaire le gouvernement, aurait à rendre aux millions de déposans, en cas de crise, c’est de l’argent liquide, et non des titres de rentes.

La rente nouvelle, libérée de Zj5 francs, était à 91.52 le 15 courant, soit une unité au-dessous du prix où elle avait été émise; elle s’est relevée à 92.75. La reprise atteint près de 1.50 sur l’amortissable à 93.70, et 0 fr. 30 sur le 4 1/2 à 104.30.

L’Italien a été porté de 91.77 à 92.50. Ce fonds a été lourd les derniers jours et se trouve ramené à 92.27. On a attribué, non sans vraisemblance, ce brusque arrêt de progression à la nécessité qui se serait imposée au ministre des finances d’Italie d’aliéner une partie du stock de rentes qu’il tient en réserve ; il s’agissait de préparer les ressources nécessaires au paiement du coupon semestriel échéant en juillet.

Le Portugais avait été relevé d’un seul coup de 37, cours coté au moment aigu de la crise, à 42; il a subi ensuite de nombreuses et fortes oscillations entre 40 et 44 et reste à ce dernier prix. Une crise ministérielle a éclaté au milieu du mois; un cabinet libéral, après