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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mois s’achève en pleine reprise. Les seules valeurs sur lesquelles pèse encore l’effet de la débâcle de la première quinzaine sont celles dont la chute a été la cause directe et originelle du mouvement, les fonds portugais et les titres de la compagnie des Chemins de fer portugais. L’Extérieure s’est déjà partiellement relevée, ainsi que l’Italien. Le Hongrois a repris son niveau précédent. Les fonds russes sont d’une fraction insignifiante au-dessous du prix où les tenait, il y a un mois, l’attente d’une grande opération financière de la Russie.

Avec la détresse du Portugal, les deux principales causes de baisse étaient, il y a trois semaines, la crise monétaire à Londres et l’appréhension de la grève générale en Belgique. Dans l’effarement de la déroute des cours, une partie du monde financier voyait les trônes ébranlés à Bruxelles et à Lisbonne, les mouvemens révolutionnaires appelant les interventions étrangères, l’Allemagne entrant en Belgique et les Espagnols en Portugal.

Cette émotion s’est calmée sans peine, et les ventes de rente portugaise se sont enfin arrêtées aux environs de 40 fr. D’autre part, la section centrale de la chambre, à Bruxelles, a promis la révision constitutionnelle dans le sens d’une extension de suffrage, et aussitôt la plupart des grèves ont cessé. Il ne reste aujourd’hui que quelques chômages partiels, et l’affaire a perdu toute importance politique.

A Londres, des arrivages d’or considérables (près de 30 millions de dollars ou 150 millions de francs depuis le 1er mai, répartis entre Londres, Paris et Berlin) ont permis à la Banque d’Angleterre de ne pas porter le taux de l’escompte au-dessus de 5 pour 100. L’encaisse métallique or des grandes Banques occidentales de l’Europe s’est ainsi fortifiée aux dépens du marché de New-York, où l’argent prend de plus en plus la place de l’or. Il est vrai que dans quelques mois, très probablement, l’Europe aura à renvoyer en Amérique tout l’or qu’elle vient de recevoir et plus encore peut-être, en paiement des céréales qu’il lui faudra acheter aux Américains.

Les récoltes sont mauvaises, en effet, dans l’ancien monde et excellentes