Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/709

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai.

Voyager avec les fanfares et les cortèges officiels, aller de ville en ville recevoir des hommages, passer à travers les ovations et les manifestations, en écoutant ou en prononçant des discours, c’est le privilège des princes et des chefs d’État, même quelquefois des simples ministres. La tradition n’est pas perdue, l’usage est invariable sous la république comme sous toutes les monarchies. C’est une diversion dans la monotonie de la vie ordinaire. C’est aussi un moyen presque assuré de plaire à des populations toujours sensibles aux témoignages d’intérêt de ceux qui les gouvernent, aux frais qu’on fait pour elles, et charmées d’avoir une représentation extraordinaire sans trop se déranger. Il est certain que, si M. le président de la république voulait répondre aux vœux de tous ceux qui viennent lui demander une visite pour leur province, une occasion de gala dans leur ville, il n’y suffirait pas; il serait plus souvent sur les routes qu’à l’Elysée. Il est obligé de mettre un peu d’ordre et d’art dans ses itinéraires. Il a, de plus, besoin, en vérité, de faire une ample provision de patience, de sang-froid et de complimens pour ces excursions en province, où il va périodiquement porter la bonne parole au nom de l’État, dont il est l’honnête et bienveillante personnification.

Cette fois, la fortune des voyages a conduit M. le président de la république dans une partie de la France qu’il connaissait peu, dans des régions du moins qu’il n’avait pas encore visitées. Il n’a point, certes, perdu son temps; en quelques jours de cet ingrat mois de mai, il a fait du chemin, escorté de M. le ministre de l’intérieur, de M. le ministre de l’instruction publique, de sa maison militaire, de tous les historiographes des voyages officiels. Il a parcouru les provinces du centre, en s’arrêtant un jour à Limoges, sa ville natale. Il est allé à Toulouse, qui lui préparait une somptueuse et cordiale hospitalité, qui,