Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/636

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maritime qu’une nation manufacturière. Sa disproportion avec la Belgique n’a donc rien d’anormal.

La Suisse n’a pas moins de 87 écoles destinées à donner aux apprentis et aux artisans une sérieuse instruction professionnelle. Elles comptent 8,000 élèves. Il en est d’autres, dites de développement et de perfectionnement, où le dessin figure comme enseignement. Ainsi, dans l’un des plus pauvres cantons, celui d’Appenzell, des institutions de ce genre se rencontrent dans chaque commune, et leur fréquentation est obligatoire aussitôt que les neiges le permettent. La population industrielle des cantons étant de 200,000 individus sur un total de 2,846,000 habitans, on trouve que la population industrielle balance celle de la Belgique où la fabrication métallurgique, et autres, sont pourtant très développées.

En Danemark, pays qui compte 2,096,467 habitans, on trouve 77 écoles pour l’instruction professionnelle des ouvriers avec plus de 6,000 élèves. L’école technique de Copenhague n’en possède pas moins de 2,000 à elle seule. En Suède, 28 écoles professionnelles ; celle de Stockholm a 800 élèves, soit plus de 1/2 pour 100 de la population de la ville. J’ai oublié de dire qu’en Danemark elle atteint 1/3 pour 100. L’Italie qui, en 1885, comptait 136 écoles industrielles ou artistiques avec 16,274 élèves, a progressé depuis considérablement, mais elle est bien loin de souffrir, comme en souffre parfois l’Angleterre, d’une pléthore d’objets manufacturés et qu’il faut à tout prix réaliser pour éviter un ruineux encombrement.

L’école de Hambourg est, de l’avis de M. Marius Vachon, la plus parfaite institution qui existe en Allemagne, tant au point de vue des principes qui en ont inspiré la fondation qu’en raison de ses méthodes d’enseignement et d’organisation administrative. En y entrant, l’élève doit faire choix d’un métier, s’il n’est encore ni apprenti, ni ouvrier ; toutefois, ces deux catégories d’élèves constituent la généralité de la population scolaire. Une loi du sénat de Hambourg impose à tous les chefs d’industrie la présence des apprentis à l’école pendant six heures par semaine. Ceux-ci peuvent la fréquenter pendant deux, trois, quatre ou cinq ans même, selon leurs dispositions et aptitudes. La première moitié de la première année est exclusivement consacrée à l’étude des élémens primaires du dessin. Tous les dessins doivent être faits d’après nature. Puis vient l’enseignement du dessin professionnel. Aussitôt que l’élève peut crayonner, on lui met en main, comme modèles, des objets qui se rapportent à son métier. Les années suivantes, le dessin professionnel marche régulièrement de pair avec l’instruction artistique.