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confuses produisant la sourde rumeur de la vie végétative et animale, et qui ne peuvent cesser qu’avec la vie même. La personne en catalepsie conserve toujours le « vouloir-vivre. » Nous ne pensons pas qu’une sensation puisse se produire dans un être vivant sans affecter l’appétit vital : la sensation n’est même, selon nous, qu’une certaine affection de cet appétit ; ce n’est pas un phénomène suspendu en l’air et détaché, c’est la vibration totale d’un organisme vivant et sentant. Bien plus, une sensation ne saurait être consciente sans provoquer une certaine attention de l’être conscient, et l’attention est un acte de la volonté. Dans la catalepsie, la sensation unique absorbe toute la somme d’attention dont le sujet est resté capable, et en même temps toute sa volonté. Nous avons donc, en définitive, outre la sensation musculaire du bras tendu, admise par M. Pierre Janet, direction simultanée de l’attention et de l’appétition dans le sens de cette sensation même. De là vient, selon nous, la contraction persistante, c’est une résultante extérieure et mécanique qui exprime au dehors la résultante interne et mentale. En un mot, la conscience n’ayant plus dans son obscurité qu’une seule image claire et distincte, la sensation du bras tendu, la volonté n’a plus rien autre chose à apercevoir et à vouloir que cette sensation présente du bras tendu : elle est donc toute à cette sensation, qui persiste, et elle fait ainsi persister l’attitude même du bras. C’est un cas de volonté sans choix et unilinéaire d’appétit déterminé en un seul sens, mais c’est toujours de l’appétit et de la volonté, non un état de sensation passive. Le mouvement simultané dans le bras tendu est la manifestation externe de l’appétit vital, non pas seulement de la sensation et de l’excitation périphérique.

Après la continuation d’une attitude ou d’un mouvement, le second phénomène remarquable que présente la catalepsie est l’imitation et la répétition des actes. Nouvel exemple de la force des idées et images ; au lieu de lever le bras du sujet, l’hypnotiseur lui montre son bras levé, et l’hypnotisé met le sien lui-même dans une position identique, c’est que la vue du bras levé est une excitation sensitive et impulsive qui, introduite dans le cerveau, doit nécessairement se dépenser ; or, elle ne peut se dépenser en éveillant une autre idée, une autre forme cérébrale, parce que le cerveau est trop engourdi ; la voie naturelle qu’elle prend est donc la voie centrifuge, et la direction précise qu’elle prend est celle du bras, parce que l’image du bras et le bras sont en rapport immédiat.

Il y a d’ailleurs des cas où les choses se passent un peu autrement. Si le cerveau n’est pas complètement engourdi, l’excitation