Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MIRABEAU
D'APRES UN LIVRE RECENT

I. Les Mirabeau, par Louis de Loménie, deuxième partie continuée par son fils, t. IV et V. Paris, 1891 ; E. Dentu. — II. Das Leben Mirabeau’s, par Alfred Storn. Berlin, 1889 ; Siegfried Cronbach. — III. Mirabeau et la Provence, par George Guibal. Paris, 1891 ; Ernest Thorin.

Il est temps d’en finir avec la famille et les années d’apprentissage de Mirabeau. Pour le bien connaître, nous avions besoin de le replacer dans le milieu étrange où il est né, où il a grandi ; auprès d’une mère extravagante et cynique, d’un père tout disposé à jouer au seigneur féodal, tout plein de l’importance de sa race et en même temps pénétré de l’esprit moderne, aristocrate et philosophe ; d’une sœur dévergondée, d’une femme frivole et légère, au sein d’une famille divisée par les procès les plus scandaleux et les plus retentissans. MM. Louis et Charles de Loménie ont bien fait de remonter à ces origines. Les trois volumes si attachans et si instructifs que nous leur devons sont la préface nécessaire du drame final. Les lettres de cachet et les condamnations qui pleuvent sur Mirabeau, le château d’If, le fort de Joux, l’enlèvement de Mme de Monnier, le donjon de Vincennes, l’accumulation des scandales, l’admiration qu’inspirent la variété et la puissance du talent, la popularité grandissant avec le mépris public, tout cela prépare la destinée extraordinaire d’un orateur sans rival. Mais si intéressante que soit la préparation, nous regretterions de nous y attarder trop longtemps. Nous avons hâte de voir Mirabeau en