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sur d’immenses réservoirs en tôle de capacité variable : MM. Nobel en possèdent quelques-uns de près de 50,000 hectolitres. Les grands industriels comme eux ont leurs tuyaux particuliers pour faire communiquer avec leurs distilleries leurs puits de Balakhané ; les petits raffineurs ont un tuyau commun. Quant à l’aspect du liquide, il est très onctueux, de couleur verdâtre, avec une écume et des reflets jaunâtres ; la couleur devient plus foncée, et le reflet bleu sombre, si l’on examine de grandes quantités d’huile ; le poids spécifique de l’huile brute varie entre 790 et 890 ; à Balakhané, il est de 871 à 17° centigrades.

Les procédés de raffinage sont à peu près partout les mêmes ; au lieu de transvaser directement des réservoirs dans les cornues ou « retortes, » l’huile brute, on la fait d’abord passer dans des réservoirs analogues aux premiers, mais entourés de tubes où circule du masude (résidu de pétrole). Le liquide est donc porté à une certaine température quand on l’introduit dans les cornues : ce sont des alambics de forme cylindrique d’assez grande capacité, capables, d’ailleurs, de supporter les plus hautes températures ; le chauffage se fait par-dessous, toujours à l’aide du masude, enflammé et non plus simplement chauffé, à l’orifice d’un tube pulvérisateur. Un thermomètre indique la température intérieure de la cornue, et un tube de cristal, le niveau intérieur du liquide. Les serpentins n’offrent aucun détail de construction remarquable. L’appareil est bien simple et l’opération plus simple encore : on élève graduellement la température de façon à séparer les divers liquides, de volatilités différentes, dont le mélange constitue le naphte brut. Ainsi la benzine distille à 100 degrés, la gazoline à 120-130 degrés, puis la kérosine à 150 degrés, et c’est seulement vers 250 degrés qu’on arrête l’opération pour extraire de la cornue le lourd résidu appelé masude. Ce résidu s’écoule dans les tuyaux qui entourent les seconds réservoirs et pénètre enfin dans de vastes récipiens où il est recueilli. Pour séparer les différens produits de la distillation, on a préparé, par exemple, trois bassins indépendans : dans le premier, où le serpentin aboutit d’abord, distille la benzine ; un surveillant détermine avec un aréomètre le moment où apparaît la gazoline et dirige alors le serpentin sur le second bassin ; même procédé pour le diriger sur le troisième. Tous ces bassins communiquent respectivement avec autant de grands réservoirs en tôle.

Les quatre produits de la distillation sont donc :


Poids spécifique
La benzine, dans les proportions de 1 pour 100 0.725
La gazoline, — 3 — 0,775
La kérosine, — 27 — 0,830—0,840
Le masude, — 65-69 — 0,878 — 0,900