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LA
PENINSULE D'APCHERON
ET
LE PETROLE RUSSE

On ne redoute plus aujourd’hui l’épuisement prochain des gisemens de houille : quels que soient les besoins toujours croissans de l’industrie moderne, on sait qu’à défaut du charbon, qui d’ailleurs est encore loin de manquer, les hydrocarbures de toute espèce, les pétroles si abondans de Transcaucasie et d’Amérique pourraient aisément servir de combustible dans les diverses machines à vapeur. C’est le premier de ces pétroles que nous nous proposons d’étudier aujourd’hui. Les merveilles de la Mingrélie, de l’Iméréthie et de la Géorgie sont déjà connues en France par des ouvrages nombreux, dont l’étendue, sinon toujours l’exactitude, ne laisse presque rien à désirer ; mais, soit que les voyageurs, au sortir de ces régions pittoresques, aient reculé devant le désert du Moughan et les hauteurs désolées de la péninsule d’Apchéron, soit que l’industrie du pétrole, encore peu développée, n’ait pas attiré leur attention, on ne sait pas très bien encore dans quelles conditions cette industrie fonctionne à Bakou ; le détail est mal connu. Nous essaierons de combler cette lacune, ou plutôt de réunir les renseignemens que nous avons pris nous-même au cours de notre voyage. Nous voudrions inspirer à quelques ingénieurs français le projet d’aller enfin dans le pays du pétrole ; il leur serait facile d’améliorer, à bien des égards, le forage et l’exploitation des