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d’une sœur, toute réclamation d’une sœur, toute sévérité ou décision grave de la supérieure ; il préside à l’élection de cette supérieure ; il approuve ou nomme le confesseur de la maison ; il y maintient la clôture, il en resserre ou en relâche les observances ; il y entre lui-même, par un privilège de son office, et, de ses propres yeux, il en inspecte le régime, au spirituel, au temporel, par un droit de contrôle qui s’étend depuis la conduite des âmes jusqu’à l’administration des biens.

A tant de besognes obligatoires, il en ajoute d’autres, volontaires, non-seulement des œuvres de piété, de culte et de propagande, missions diocésaines, catéchismes d’adultes, confréries pour l’adoration perpétuelle, sociétés pour la récitation ininterrompue du rosaire, denier de saint Pierre, caisse des séminaires, journaux et revues catholiques, mais encore des instituts d’éducation et de charité[1]. En matière de charité, il en fonde ou soutient de vingt espèces, soixante en un seul diocèse, services généraux et spéciaux, crèches, cercles, asiles, refuges, patronages, sociétés de placement et de secours pour les pauvres, pour les malades à domicile et dans les hôpitaux, pour les enfans à la mamelle, pour les sourds et muets, pour les aveugles, pour les vieillards, pour les orphelins, pour les filles repenties, pour les détenus, pour les militaires en garnison, pour les ouvriers, pour les apprentis, pour les jeunes gens, et quantité d’autres. En matière d’éducation, il y en a bien davantage : ce sont les œuvres qui tiennent le plus au cœur des chefs catholiques ; sans elles, impossible, dans le monde moderne, de préserver la loi des générations nouvelles. C’est pourquoi, à chaque tournant de l’histoire politique, on voit les évêques profiter de la tolérance ou parer à l’intolérance de l’État enseignant, lui faire concurrence, dresser, en face de ses établissemens publics, des établissemens libres qui sont dirigés ou desservis par des prêtres ou des religieux : après la suppression du monopole universitaire, en 1850, plus de cent collèges[2] pour l’enseignement secondaire ; après la loi favorable de 1873, quatre ou cinq facultés ou universités provinciales pour l’enseignement supérieur ; après les lois hostiles de 1882, plusieurs milliers

  1. La Charité à Nancy, par l’abbé Girard, 1890, 1 vol. — La Charité à Angers, par Léon Cosnier, 1890, 2 vol. — Manuel des œuvres et institutions charitables à Paris, par Lacour, 1 vol. — Les Congrégations religieuses en France, par Emile Keller, 1880, 1 vol.
  2. Vie de M. Dupanloup, I, 506 (1883). « Plus de cent collèges ecclésiastiques ou établissemens d’éducation secondaire ont été fondés depuis la loi de 1850. » — Statistique de l’enseignement secondaire. En 1865, il y avait 276 établissemens ecclésiastiques libres d’instruction secondaire, avec 34,897 élèves, dont 23,549 internes et 11,318 externes ; en 1876, il y en avait 309, avec 46,816 élèves, dont 33,092 internes et 13,724 externes.