Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/910

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi un continuel drainage de population, imputable en majeure partie à l’institution des grandes propriétés de la côte languedocienne. La Lozère, les arrondissemens d’Alais, du Vigan, de Lodève, de Saint-Pons, les cantons de l’arrondissement de Montpellier, situés au nord de cette ville, virent sans cesse diminuer le nombre de leurs habitans au profit du plat pays. Seul l’Aveyron, à cause de sa forte natalité, ne faiblit pas, malgré l’énorme courant d’hommes qu’il déverse sur Montpellier et Béziers. Assurément, personne n’osera soutenir que ce phénomène soit heureux ou rassurant pour l’avenir des hautes régions ; néanmoins, il nous semble qu’un pareil dépeuplement offre un peu moins d’inconvéniens lorsqu’il s’exerce à l’avantage de l’agriculture, même à tendance industrielle, que quand il s’opère au bénéfice des grandes villes ou de l’étranger.

Notre siècle, avant la fin de sa course, a été baptisé par anticipation le siècle de l’industrie. Nous avons essayé d’en décrire une qui ne présente pas au même degré les inconvéniens des autres, et nous aurions pu ajouter que les grandes exploitations agricoles du terroir de Montpellier se sont créées, en général, aux dépens de surfaces incultes ou peu productives. Elles n’ont, en aucune façon, ainsi qu’il est arrivé pour d’autres branches de fabrication, nui à l’établissement ou au succès de propriétés vigneronnes moins importantes et le petit cultivateur lui-même peut, par un travail intelligent, prospérer comme autrefois.


ANTOINE DE SAPORTA.