époque qu’environ 160 hectares presque incultes ; mais, enserrée de tous côtés par des parcelles appartenant à des paysans du bourg de Mauguio, elle se prêtait mal à une culture intensive. On comprend les difficultés interminables qu’aurait éprouvées le possesseur de Guilhermain à s’arrondir et à se compléter par l’achat des nombreuses enclaves qui interrompaient la continuité des terres, s’il les avait voulu acheter, même à prix élevé, à ses nouveaux voisins. Tout fut aplani par l’acquisition préalable de divers petits tènemens d’excellente qualité et voisins du village. Ces lots servirent pour ainsi dire de monnaie pour désintéresser les cultivateurs dont les domaines étaient limitrophes de Guilhermain ; le grand propriétaire leur offrit d’échanger ceux-ci contre des lots de qualité égale, sinon supérieure, et d’une exploitation beaucoup plus commode. On conçoit que personne n’ait hésité en présence d’un marché aussi avantageux. A l’heure actuelle, Guilhermain occupe une surface assez régulière de plus de 230 hectares dont 195 consacrés à la culture de la vigne.
Près des quatre cinquièmes des souches ont subi l’opération de la greffe et portent des raisins ; les autres, encore improductives, seront prochainement greffées. Comme pour les vignobles soumis à l’inondation, le cépage qui domine est l’aramon, sous forme de greffon, bien entendu. A l’aramon, viennent s’ajouter le petit-Bouschet que nous connaissons déjà, « l’alicant Bouschet » et la « carignane, » dont il convient de retracer en peu de mots le signalement.
Extérieurement, l’alicant Bouschet ressemble beaucoup au petit-Bouschet ; il fournit un vin tout aussi noir et plus liquoreux. Quelques propriétaires se plaignent pourtant de l’irrégularité de sa production, mais l’hybride, de création trop récente, ne saurait être encore apprécié à sa juste valeur ; généralement, on en fait cas comme d’un bon cépage. La carignane offre cette particularité qu’elle n’est destinée ni à gorger les cuves, comme l’aramon, ni à servir de colorant comme les hybrides Bouschet, mais bien à améliorer le vin. Espèce passablement productive, elle donne lieu à d’assez bons crus, peu foncés en teinte, mais d’un bouquet agréable. Nous savons déjà qu’elle brave la chlorose dans une certaine mesure, lorsqu’on l’adapte sur un porte-greffe, mais elle redoute au suprême degré oïdium, mildew et autres maladies du même ordre, anciennes ou nouvelles. Lorsque le mistral ou la tramontane ont soufflé un peu fort au mois de juin, ce qui n’est pas un événement rare aux portes de Montpellier, le viticulteur, s’il examine après la bourrasque ses rangées de carignanes, constate de trop nombreuses brisures de rameaux. Il est bon de ne greffer la carignane que dans