greffé, ou bien la souffrance se décèle après l’opération sans être dangereuse, pour devenir menaçante un an après. De pareilles irrégularités surgissent aussi dans un sens favorable à la vigne : on a vu des souches compromises revenir à la santé ; on a vu la jaunisse, très inquiétante en juin, s’atténuer en août pour s’évanouir en septembre. Des effets aussi variables proviennent, sans doute, de causes complexes. La chlorose tient-elle, comme on l’a soutenu, à un défaut de perméabilité dans le terrain ? Résulte-t-elle d’un excès de calcaire dans le sol ou du manque de fer assimilable ? Faut-il attribuer le « cottis » à la blancheur même du sol qui ne s’échauffe pas assez au printemps ? Toutes ces affirmations paraissent exactes à la fois dans une certaine mesure. Nous pensons que là où plusieurs de ces causes se trouvent réunies, la vigne américaine greffée succombe ; si, au contraire, on parvient à exclure l’une d’entre elles, le pied souffre, mais survit plus ou moins.
On ne peut guérir le « cottis » dans tous les cas, mais il n’est pas impossible de l’atténuer. Un bon drainage préliminaire a son utilité. Quand néanmoins le mal se déclare, les propriétaires recourent, et parfois, dit-on, avec succès, au sulfate de fer appliqué intus et extra.
La chlorose sévit très inégalement dans des circonstances bien peu diverses en apparence. Un pied de riparia dénote-t-il les premiers symptômes de la maladie : celle-ci s’accentuera plus nettement encore si on greffe sur la souche compromise des hybrides Bouschet, de l’espar, de l’aramon. Mieux vaut alors faire porter au riparia de la « carignane ; » le mal, du moins, ne s’aggravera pas. Il s’atténuerait même si on empruntait le greffon à une vigne de « clairette. »
Dans beaucoup de terrains suspects, les viticulteurs bas-languedociens préfèrent planter du jacquez et le greffer ensuite comme on fait du riparia. Une pareille méthode serait parfaite, si le jacquez et surtout le jacquez greffé présentait au phylloxéra une résistance assurée à l’exemple du riparia. Mais, à notre connaissance du moins, le procédé n’a jamais conduit à de fâcheux résultats, grâce probablement aux soins excessifs dont la vigne est entourée près de Montpellier. En combinant le jacquez avec la carignane et surtout avec la clairette, on obtient un cépage mixte artificiel, susceptible de prospérer dans des milieux défavorables.
Nous n’avons certainement pas la prétention de retracer l’historique du domaine de Guilhermain, situé dans la commune de Mauguio, non loin des rives de l’étang de l’Or, à moins de 9 kilomètres de Montpellier. Achetée en 1881, la terre ne comprenait à cette