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médicale se trouve en présence de choses tellement neuves pour lui qu’il a peine, au premier abord, à se reconnaître au milieu des mouvemens si variés qu’il voit exécuter dans les « Instituts » publics ou privés. Mais, peu à peu, la lumière se fait dans son esprit ; il finit par classer tous ces ingénieux procédés et à voir qu’ils visent, en résumé, à deux résultats : doser l’exercice et le localiser. Doser l’exercice, c’est en mesurer l’intensité avec assez de précision et de tact pour ne pas dépasser l’effet utile ; le localiser, c’est limiter son effet à une région déterminée, de façon à éviter son retentissement sur des organes qu’il importe de ménager.

Pour doser l’exercice, on emploie un procédé qui s’écarte absolument de tous ceux de nos gymnases français, et qu’on pourrait appeler l’exercice « à deux. » Qu’on se représente deux gymnastes dont l’un cherche à étendre le bras pendant que l’autre, lui tenant la main, lutte contre ce mouvement et lui oppose une résistance plus ou moins grande, sans toutefois paralyser complètement son effort. Le mouvement exécuté le premier exigera un déploiement de force d’autant plus grand que la résistance du second sera plus considérable. Le second gymnaste, s’il sait bien calculer sa résistance, pourra donc augmenter ou diminuer, à volonté, la dépense de force du premier. Tel est le principe. On peut en varier à l’infini les applications. Ce que fait le gymnaste opposant pour le bras, il le fera pour les jambes, pour les épaules, les hanches, la tête, etc. On comprend que chaque groupe de muscles pourra, suivant les besoins du traitement, être mis en jeu avec le degré de force voulue. Le rôle de l’aide, dans la pratique de la gymnastique médicale, est d’une grande importance. C’est à son tact, à sa connaissance parfaite des mouvemens et de leur effet, qu’est subordonné le succès de la cure. Les auteurs suédois donnent à cet aide le nom de « gymnaste, » désignation qui déroute un peu le lecteur français, car, chez nous, la qualification de « gymnaste » s’applique à ceux qui exécutent les mouvemens gymnastiques, plutôt qu’à ceux qui surveillent et dirigent ces mouvemens.

Pour graduer l’effort musculaire demandé au patient, le gymnaste a plus d’une ressource à sa disposition. La plus élémentaire consiste à lui opposer un effort d’intensité croissante. Mais cette méthode pourrait être mise en défaut quand il s’agit des masses musculaires très puissantes auxquelles ne pourrait faire équilibre la force d’un bras, et même des deux bras du gymnaste opposant. Admettons, par exemple, qu’il s’agisse d’exercer les muscles qui redressent la colonne vertébrale et supposons que le patient soit assis, le tronc fléchi en avant, et fasse effort pour se redresser