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Ce simple banc, pièce la plus banale et la plus grossière du mobilier scolaire, est utilisé pour maint exercice par les pédagogues suédois. Nous venons de le voir servir à faire travailler les muscles extenseurs du dos ; on peut l’employer encore pour un mouvement inverse qui met en jeu les muscles fléchisseurs du tronc. Il suffira de varier l’attitude. Le gymnaste se couchera sur le dos, et dans le sens de la longueur du banc. Dans cette position, les pieds étant maintenus fixes, s’il fait effort pour se relever assis, sans l’aide des mains, il sollicitera la mise en jeu énergique des muscles fléchisseurs du tronc, qui sont les muscles abdominaux.

Veut-on un autre exemple des utiles résultats que savent obtenir les disciples de Ling, avec les appareils les plus simples ? C’est encore ce modeste banc des écoles qui va nous le fournir. Il s’agit, cette fois, d’une catégorie d’exercices dont notre catalogue est à court, et qui ont pourtant, au point de vue pédagogique, une grande valeur, car ils représentent un moyen de correction des attitudes vicieuses de la taille en même temps qu’une leçon de coordination des mouvemens. Nous voulons parler des exercices d’équilibre. Se tenir debout sur la corde roide est un « tour » réservé, à bon droit, aux acrobates ; marcher sur une poutre élevée au-dessus du sol, comme on le fait (assez rarement du reste) dans les gymnases français, est un exercice moins acrobatique, mais non absolument sans danger, si la poutre est placée à une hauteur assez grande. La poutre horizontale de nos gymnases présente, du reste, au pied une assez grande surface d’appui ; le fait de marcher dessus représente moins un exercice d’équilibre proprement dit, qu’un mode d’accoutumance au vertige. Pour obtenir, sans danger, un véritable exercice d’équilibre, il faut provoquer la station et la marche sur une surface aussi étroite que possible, et assez peu éloignée du sol pour ôter la crainte des chutes. Toutes ces conditions sont obtenues à l’aide du banc des Suédois. Ce banc ne diffère nullement de ceux qu’on peut voir dans maintes écoles de hameau, en France. Il présente seulement un détail de construction qui n’en change pas la forme et en augmente, du reste, la solidité. En dessous de la pièce horizontale qui forme siège, est clouée verticalement une traverse qui court dans le sens de la longueur, et réunit entre elles les jambes de soutien placées à chaque extrémité. On retourne ce banc, en mettant le siège à plat sur le sol, et l’on fait marcher les jeunes gymnastes sur l’étroite traverse placée de champ, qui leur présente un soutien large à peine d’un pouce, mais solide, et peu distant du sol. Cette marche sur la traverse du banc est un exercice très en honneur dans les institutions de demoiselles en Suède, et rien n’est plus utile pour donner au corps l’habitude d’une tenue parfaitement droite, puisque la