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l’institution, ni de l’étendue des services qu’elle rend. Trois grandes salles, offrant la dimension et l’aspect général de nos gymnases, sont destinées à l’enseignement pratique ; trois ou quatre autres, plus petites, sont affectées à l’enseignement oral. Mais ce qui attire le plus l’attention du visiteur français, ce sont deux autres locaux dont les analogues n’existent pas dans nos installations gymnastiques, savoir : une salle de dissection pour les études d’anatomie et une salle de consultation ou « polyclinique » pour le traitement gymnastique des malades.

Le système de gymnastique créé par Ling et professé à l’Institut central de Stockholm se divise en trois branches, d’ailleurs intimement liées entre elles : la gymnastique pédagogique, la gymnastique militaire, et la gymnastique médicale.

Chacune de ces trois fractions de l’enseignement est confiée à un maître spécial qui réside à l’Institut central et porte le titre de professeur supérieur. Les trois professeurs supérieurs de l’Institut occupent dans le monde de Stockholm une situation élevée, non-seulement à cause de leur titre même, mais aussi à cause de leur valeur personnelle et du rang social dans lequel ils ont été recrutés. Le professeur de gymnastique pédagogique, M. Torngren, est en même temps directeur de l’Institut. Il était, avant de se vouer à l’enseignement de la gymnastique, capitaine de vaisseau dans la marine royale. Le professeur de gymnastique militaire, le capitaine Balk, est un des plus brillans officiers de l’armée et fait encore partie des cadres de l’infanterie. Enfin, le professeur de gymnastique médicale, le docteur Murray, est un des médecins les plus distingués de Stockholm. A côté de ces professeurs titulaires sont placés six maîtres auxiliaires qui les suppléent ou les assistent dans leurs leçons théoriques et pratiques. Tous sont des hommes de valeur, et de situation sociale relevée, capitaines, lieutenans ou docteurs en médecine.

On voit quel esprit préside au choix des maîtres. L’enseignement de la gymnastique est toujours confié à des hommes dont la situation sociale, les titres et la valeur personnelle rehaussent, en quelque sorte, la profession qu’ils exercent. Aussi la gymnastique est-elle une carrière autrement prisée dans ce pays que dans le nôtre.

La plupart des élèves qui suivent les cours de l’Institut pour devenir maîtres de gymnastique sont des jeunes gens de famille ; il n’est pas rare d’en trouver qui portent des titres nobiliaires et de grands noms. En tout cas, à défaut d’autre distinction, tous ceux qui aspirent à étudier à l’Institut central doivent avoir au moins celle qui vient d’une instruction générale complète, car c’est la condition première de leur admission à suivre les cours. Aucun