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LA
JEUNESSE DE LA FAYETTE

DERNIÈRE PARTIE[1].


I.

Parti de France en rebelle et en fugitif, La Fayette y rentrait acclamé et triomphant. A peine se donna-t-on le temps de punir par huit jours d’arrêts sa désobéissance, encore ne fut-ce qu’après lui avoir permis de causer avec M. de Maurepas. Le prince de Poix lui avait fait connaître tous les ministres.

Ce fut l’enceinte de l’hôtel de Noailles qui tint lieu de Bastille à La Fayette. Quelques jours après, il écrivit à Louis XVI pour lui avouer « son heureuse faute, » et il reçut la permission d’aller recevoir à Versailles une « douce réprimande. » — « En me rendant la liberté, on me conseilla d’éviter les lieux où le public pourrait consacrer ma désobéissance. » Ce fut surtout parmi les femmes de la cour que son succès fut grand. « Toutes l’embrassaient. » Et Marie-Antoinette elle-même, entraînée un instant par le tourbillon, lui faisait donner le régiment du roi-dragons.

L’ivresse de Mme de La Fayette fut au-delà de toute expression. Son bonheur fut bientôt troublé par des alarmes. Elle ne put jouir longtemps en paix du bien qu’elle avait retrouvé. Le séjour de son

  1. Voyez la Revue du 15 février.