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de la noblesse, tels qu’ils existaient avant la révolution ; mais il lui importait de rallier autour d’elle les influences fondées sur la propriété du sol et sur la richesse industrielle. Le roi Louis XVIII, sincère admirateur de la constitution anglaise, tentait d’établir en France, contre le retour offensif de la révolution, un rempart formé par l’ancienne aristocratie et par une bourgeoisie d’élite, analogue à celle qui commençait à se faire une grande place dans le parlement d’Angleterre. Le tarif des douanes servit d’instrument. Toutefois, le gouvernement ne voulait pas pousser à l’excès la protection qu’il avait résolu d’accorder aux propriétaires du sol, aux maîtres de forges et aux manufacturiers; ce fut la chambre des députés, élue par les censitaires de 500 francs, dans des conditions qui assuraient la majorité aux favorisés de la naissance et de la fortune, ce fut la chambre qui, avec ses ultras, plus royalistes que le roi, exigea le maintien des prohibitions et l’établissement de taxes exorbitantes sur la plupart des produits importés de l’étranger, a l’administration, disait en 1834 M. Thiers, voulait se borner à protéger, par des tarifs gradués, notre industrie, fille de Colbert et de Napoléon; mais, emportée par des passions qui n’étaient pas les siennes, elle était contrainte d’établir des droits exagérés. Elle proposait, par exemple, un droit de 3 francs sur les bestiaux ; une chambre véhémente portait ce droit à 30, puis à 50 francs, pour protéger les intérêts de la grande propriété. On créait, dans le même but, et par amendement, un droit de 33 pour 100 sur les laines, qui portait un coup sensible à l’industrie de nos draps[1]. » Les tarifs de la restauration furent donc, avant tout, des tarifs politiques.

Le gouvernement de juillet devait avoir d’autres visées, et il déclara, dès 1834, par l’organe de M. Thiers, alors ministre du commerce, dont nous venons de relire les paroles, que, s’il maintenait le principe de la protection douanière, il entendait l’appliquer dans un sens plus modéré. Il proposa des projets de loi portant des réductions de tarifs ; il conclut de nombreux traités de commerce, non-seulement dans l’intérêt de sa politique extérieure, mais encore pour obtenir indirectement, par l’approbation parlementaire de ces traités, des modérations de droits, qu’il craignait de ne pouvoir faire accueillir directement au moyen de la procédure ordinaire. Il estimait que l’état de prospérité dont jouissait le pays permettait d’opérer sans inconvénient des modifications sérieuses dans la loi économique, dont les rigueurs faisaient tache sur une politique libérale. Enfin, comment n’aurait-il pas observé,

  1. Exposé des motifs du projet de loi sur les douanes, présenté à la chambre par M. Thiers, ministre du commerce et des travaux publics, en février 1834.