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moment où nous écrivons. Le remboursement effectué, la réserve de la Banque d’Angleterre dépassera encore 15 millions de livres sterling.

La Banque de l’empire d’Allemagne a réduit, de son côté, le taux de l’escompte à 3 1/2 pour 100. Du 31 décembre 1890 au 23 janvier 1891, l’encaisse métallique de cet établissement a été portée de 758 millions de marks à 828 millions, et la circulation des billets a été ramenée de 1,102 à 958 millions, le montant du portefeuille, de 613 à 483 millions, celui des avances sur titres, de 146 à 81 millions.

La Banque austro-hongroise a également réduit le taux de son escompte. Ces témoignages simultanés d’une rare abondance de capitaux ont eu pour conséquence naturelle une avance générale des prix des fonds internationaux.

Les titres de la dette russe 4 pour 100 or ont monté de plus d’un point et atteint le pair de 100 francs. La Banque de Paris, ayant acquis un stock de 4 1/2 intérieur en roubles-papier, l’a offert à sa clientèle à peu près au pair (cours de Saint-Pétersbourg, répondant au prix de 73.50 en or à Paris). Il lui a été demandé en quelques jours le double du montant dont elle pouvait disposer. Le rouble-papier, enfin, tenu systématiquement entre 235 et 236, semble disposé à atteindre prochainement de plus hauts cours et cote déjà 238.

Le Hongrois s’est avancé d’une unité, de 92 3/4 à 93 3/4 ; là encore quelques emprunts 5 0/0 vont être convertis. L’Unifiée a été portée de 492.50 à 497.50, l’Extérieure de 75.90 à 77 1/4, les Billets hypothécaires de Cuba de 473.25 à 478.75. Pour l’Egypte comme pour l’Espagne, ces mouvemens annoncent la proximité d’une opération financière. D’une part, la conversion des Domaniales va revenir sur le tapis ; de l’autre, la Banque de Paris prépare la continuation de l’opération commencée l’an dernier pour la conversion des billets de Cuba 6 pour 100 en titres 5 pour 100. Pour l’Espagne enfin, l’époque d’un grand emprunt de liquidation apparaît désormais prochaine.

L’Italien se tenait assez péniblement à 92.40 lorsque M. Grimaldi fit à la chambre des députés à Rome son exposé financier, si froidement accueilli, et M. Crispi cette violente sortie contre ses adversaires politiques qui lui a coûté immédiatement sa situation prépondérante dans le royaume. La chute de cet homme d’état a valu à la rente italienne 1 fr. 60 de hausse. Le public capitaliste voyait en lui l’incarnation d’un système politique fastueux et dépensier qui, après avoir conduit les finances italiennes au déficit chronique, menaçait de les conduire à la ruine complète.

Les valeurs turques se sont avancées sans bruit, constamment recherchées par des capitaux à la fois peu timorés et très avisés. Le 1 pour 100 est en hausse de 0 fr. 35 à 19.45, la Privilégiée ottomane de 5 francs à 421.25, l’obligation des Douanes de 2.50 à 461.25, la Banque de 3.75 à 623.75.