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LA
FIN D'UNE RACE

L'INSURRECTION DES SIOUX.


I

Le 3 décembre 1890, le sénat des États-Unis était appelé à voter sur une proposition du sénateur Manderson : elle autorisait le ministre de la guerre à remettre à chacun des gouverneurs du nord et du sud Dakota et du Nébraska mille carabines et cinquante mille cartouches. Ces armes et ces munitions devaient être distribuées par eux aux colons de leurs États respectifs, menacés d’un soulèvement des Sioux.

Depuis deux mois on l’attendait et on le redoutait. Depuis deux mois les agens commis à la surveillance des Indiens adressaient à Washington des dépêches alarmantes. Les troupes se massaient autour des réserves, les colons effrayés abandonnaient leurs fermes, et ceux qui restaient demandaient des armes. Pressé d’agir, le sénat ne discutait pas ; la mesure s’imposait. Dans le silence général une voix s’éleva, celle du sénateur de l’Indiana, M. Voorhees : « Je ne viens pas, dit-il, m’opposer au vote de la résolution que