Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous ne dirons qu’un mot de deux autres caisses confiées à la gestion de la Caisse des dépôts, celle des assurances en cas de décès, et celle des assurances en cas d’accidens. Cette double création a été un double insuccès. Ici encore l’intention du législateur était de mettre à la portée des petits, des humbles, de ceux qui ne disposent que d’une modeste épargne, lentement produite, des combinaisons que des établissemens privés, comme les compagnies d’assurances, offrent à l’esprit de prévoyance des classes moyennes et riches.

Le résultat, on ne saurait le contester, n’a pas répondu à l’intention. Les deux caisses végètent. La première est dans une situation franchement mauvaise et en déficit. La seconde est, en apparence au moins, plus prospère, mais elle manque de clientèle. Le public ignore ses services, ou, ce qui est plus grave, ne les apprécie pas. Ce résultat paraît d’autant plus singulier, si on le rapproche du grand succès obtenu par la Caisse de retraites pour la vieillesse. Il est vrai que celui-ci, comme on a pu le voir, a été obtenu à un très haut prix.


IV.

Après ce rapide exposé de quelques-unes, à vrai dire les principales, des attributions exercées par la Caisse des dépôts et consignations, devrons-nous conclure avec certains des plus brillans économistes de la chambre des députés, qui soutenaient il y a quelques jours à peine cette thèse, à l’occasion du débat sur les caisses d’épargne, que la Caisse des dépôts est une simple fiction? ou, si le terme peut paraître étrange appliqué à un mécanisme aussi substantiel, une superfétation? que tous ses services pourraient être avantageusement rattachés d’une façon directe au trésor, et son administration dépendre d’une division du ministère des finances? qu’entre les sept millions de déposans des caisses d’épargne et le crédit de l’État, il n’est besoin ni d’un rouage intermédiaire, ni d’un tiers garant, ni d’une montagne de paperasseries et de combinaisons obscures et compliquées ?

Nous avons déjà répondu, dès le début de cette étude, à cette opinion qui, présentée sous une forme aussi absolue, ne paraît pas sérieusement soutenable. Mais il importe de déterminer en quoi peut consister l’indépendance que des économistes d’une autre école se plaisent à attribuer à la Caisse des dépôts, et dans quelle mesure cette indépendance peut s’exercer. Il n’est pas inutile d’abord de se reporter aux intentions des créateurs de la Caisse en 1816, qui ne sont pas un instant douteuses. L’ancienne Caisse d’amortissement fut supprimée parce que les fonds des consignations