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Deux opérations furent effectuées à cet effet en 1883, l’une le 16 avril, pour 1,000,010,277 francs, l’autre le 14 septembre, pour 80,029,107 francs. Le portefeuille de la Caisse recevait, comme contre-valeur de ces sommes, un titre de 40,241,550 francs en rente 3 pour 100 amortissable.

A la fin de 1883, le compte courant de la Caisse au trésor à 4 pour 100 était encore de 152 millions. Deux ans plus tard, en 1885, les versemens affluant toujours, le compte atteignit 400 millions et une nouvelle conversion eut lieu. Enfin, en 1887, un article de la loi des finances limita à un maximum de 100 millions de francs la créance de la Caisse sur le trésor concernant les fonds des caisses d’épargne ordinaires. La commission de surveillance se trouva contrainte, dès lors, de procéder à des achats constans de valeurs pour tous les fonds que lui remettaient les caisses d’épargne. A la fin de 1888, le portefeuille de ces caisses possédait 46,677,490 francs de rente amortissable, pour un capital d’environ 1,250 millions, et le montant des rentes 3 pour 100 y était porté de 7,685,000 francs à 30,912,000 francs, ce dernier chiffre représentant un capital de 806,169,000 francs, supérieur de plus de 600 millions à celui de 1883. Dans la seule année 1888, la Caisse a acheté 7,808,671 francs de rente 3 pour 100, pour un capital de 214 millions, au prix moyen de 82.30 pour 100. Les versemens ont continué depuis à affluer avec la même intensité et les achats de rentes ont forcément marché du même pas. Le trésor ayant suspendu ses émissions d’obligations trentenaires ou sexennaires, la Caisse n’a pu prendre de ces valeurs. Elle ne pouvait davantage acheter des obligations de chemins de fer, sous peine de provoquer une hausse formidable de ces titres. Enfin, les fonds des caisses d’épargne ne peuvent servir aux prêts consentis aux départemens et aux communes. La Caisse est donc réduite aux acquisitions de rentes. De là ces achats quotidiens depuis une année et la publication périodique, dans le Journal officiel, de tableaux indiquant le montant de ces achats. On peut évaluer à 200 millions de francs environ le capital employé en rentes en 1889 et à 275 millions celui qui a reçu la même affectation pendant les neuf premiers mois de 1890, pour l’ensemble des caisses d’épargne. Le dernier trimestre devant fournir probablement un montant correspondant, soit de 50 à 60 millions, ce serait de 500 millions de francs environ que se seraient accrus, dans ces deux dernières années, les fonds de cette provenance confiés à la gestion de la Caisse des dépôts. Comme le total s’élevait à 2,534 millions fin 1888[1],

  1. La loi du 30 juin 1851 avait limité à 1,000 francs le montant maximum de chaque compte particulier, non compris les intérêts échus dans le courant de l’année. La loi du 9 avril 1881 a porté ce montant à 2,000 francs pour les caisses d’épargne ordinaires, comme pour la caisse d’épargne postale. Au 31 décembre 1869, le solde créditeur du compte des caisses d’épargne à la Caisse des dépôts s’élevait à 694,551,507 fr. Au 31 décembre 1884, il a atteint 2,046,888,283 francs, soit près de 1,350 millions de francs d’augmentation ou près de 200 pour 100 en l’espace de quinze ans.
    Le solde s’est accru comme suit depuis 1882 :
    Fin 1882 — 1,770,791,227
    — 1883 — 1,838,129,550 + 67,338,323
    — 1884 — 2,046,888,283 + 208,758,733
    — 1885 — 2,211,350,372 + 164,462,089
    — 1887 — 2,399,432,749 + 188,082,377
    — 1888 — 2,534,107,257 + 134,674,507

    Ces augmentations annuelles ne résultent pas seulement de l’excédent des versemens nouveaux sur les remboursemens, mais aussi, et pour une grande partie, de la capitalisation des intérêts échus que les déposans laissent à leurs comptes, ce qui équivaut bien, d’ailleurs, à un versement réel. Le montant ci-dessus indiqué, 2 milliards 534,107,257 francs, comprend 87 millions pour la c:ipitalisation des intérêts dans l’année. Il était représenté à la même date par les valeurs suivantes :


    Rentes. Capital.
    3 pour 100 30,912,036 fr. 806,169,281 fr.
    3 pour 100 amortissable 46,697,490 » 1,247,085,880 »
    4 1/2 pour 100 745,907 » 18,875,112 ».
    52 obligations Morgan 278,053,804 »
    29,198 obligations de chemins de fer 10,147,355 »
    Compte courant 4 pour 100 du trésor 81,425,822 »

    Le solde des caisses d’épargne, au 31 décembre 1889, a atteint, en nombre rond, 2,700 millions; on peut présumer qu’à la fin de décembre 1890 il aura dépassé 3 milliards.