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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Un très grand calme a succédé sur le marché financier de Paris à l’agitation extraordinaire qu’avaient causée les préparatifs à l’emprunt du 10 janvier. Cet emprunt de 870 millions a été souscrit plus de dix-sept fois. C’est dire que le petit public, qui ne demande pas beaucoup plus que ce qu’il veut conserver, aura été assez mal servi. C’est à lui ce pendant qu’est destinée finalement la possession des nouvelles rentes, mais les institutions de crédit et les banquiers ont tenu assez naturellement à prélever un bénéfice sur l’opération. Ils ont donc enflé leurs souscriptions dans la plus large mesure possible. Maintenant il s’agit de classer l’emprunt à 1 fr. 50 environ au-dessus du taux d’émission, soit à 94 francs. Ce sera une affaire de temps et de patience. La première condition, indispensable pour le succès, était la bonne tenue de la rente ancienne, établie à 1 fr. 50 environ au-dessus de la nouvelle. C’est à quoi s’est attachée la haute banque qui, après avoir assuré à l’emprunt un succès éclatant de souscription, a le devoir de lui en assurer un, plus durable, de classement.

La tâche a été facilitée par les circonstances. Tout est calme et pacifique, au dedans comme au dehors. A l’intérieur, n’était l’incident de l’interruption des représentations de Thermidor, on se serait à peine douté que la chambre eût repris ses séances. Le mot d’ordre était de faire prendre le pas aux affaires sur la politique, on aurait assez à s’occuper avec les discussions douanières, la prorogation du privilège de la Banque de France et le prochain budget.

La Bourse ne s’est pas départie de son calme et les variations de la rente n’ont pas dépassé cinq à dix centimes. Les transactions suivent un cours assez régulier au comptant, où les cours se sont nivelés avec ceux du terme. On a remarqué des achats assez constans de rente 4 1/2 entre 105.20 et 105.70, dernier cours. Un coupon trimestriel de ce fonds vient en détachement le 1er février.

L’argent est redevenu facile et abondant partout après l’emprunt. Une énorme masse de capitaux, immobilisée depuis le 1er janvier, était libre désormais. De plus, on avait fait argent de tout. La Banque de France, comme l’a fait connaître son gouverneur M. Magnin, dans l’assemblée générale des actionnaires tenue le 29, a fourni, du 6 au 12 janvier, 1,700 à 1,800 millions de francs pour l’emprunt, dont plus de 600 par l’escompte, et 1,100 millions par les avances sur titres.

A Londres, la Banque d’Angleterre a réussi peu à peu à grossir assez