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de Voet, et je n’ai pu rencontrer que ceux de Marésius; en voici les titres :

Defensio pietatis et sînceritatis. — Specimen assertionum partim ambiguarum aut lubricarum, partim periculosarum, non tantum theologiis sed christianis hominibus, indignissimarum. Epistola ad amicum. — Pauca academica. — Ultima patientia tandem expugnata a D. G. Voet. — Bonœ fidei sacrum. — Lingua abortica a Gisberto Voet refossa. Expostulatio ad G. Voetium. — De violata fide publica. — Theologus paradoxus relictus et refutatus. — Chacun de ces libelles, bien entendu, était précédé et suivi par un factum de Voet. Tous trouvaient des acheteurs ; c’était le goût de l’époque.

L’intervention de Descartes répand un lustre sur une question en elle-même sans importance.

La ville de Bois-le-Duc, sous la domination espagnole, était un des foyers de la foi catholique dans les Pays-Bas. Les bourgeois de la ville avaient fondé une confrérie sous l’invocation de la sainte Vierge. Les offrandes accumulées représentaient de grandes richesses ; on les employait en bonnes œuvres et en cérémonies religieuses, particulièrement à l’occasion des obsèques des sociétaires. Lorsque le prince d’Orange s’empara de la ville, la capitulation accorda aux habitans le libre exercice de leur religion. Les églises cependant et les biens des communautés devaient être partagés entre les deux cultes. Le gouverneur, en vertu de cette clause, revendiqua les biens de la confrérie de Marie. Les sociétaires protestèrent, ils étaient associés comme citoyens, non comme catholiques, ils invoquaient le respect des propriétés garanti par les conventions. Tous les droits, en Hollande, étaient scrupuleusement respectés. Le gouverneur de Bois-le-Duc renonça à ses prétentions, mais sollicita l’honneur d’entrer dans la confrérie, et présenta une liste nombreuse de protestans considérables dans la ville, qui devinrent, comme lui, membres de l’association. Les directeurs de l’œuvre ne pouvaient refuser ; on se fit des concessions mutuelles, et la confrérie, plus nombreuse, devint plus riche pour faire le bien. Voet s’en irrita, il trouvait la situation scandaleuse. On ne doit pas semer le bon grain par-dessus le mauvais. La confrérie de Marie était une association catholique, et restait telle. Les protestans avaient manqué à leur devoir en ne la supprimant pas, ils y manquaient plus gravement encore en s’y associant.

Descartes, en abordant, on ne sait pourquoi, cette question, y a rencontré des traits heureux qui font songer à Voltaire.

« Vous vous plaignez que certains théologiens, par un amour immodéré