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sol et le parti qui en est tiré ; la richesse de cette contrée nous frappe. Mais ce qui nous étonne encore plus, c’est de trouver à Hanoï une des plus jolies villes de l’extrême Orient, de voir ce que des Français ont su créer en cinq ans, en dépit de tous les obstacles. Nous ne pouvions arriver en meilleur port : nous tombons au milieu de Français qui, comme nous, rêvent la gloire de leur patrie et le prouvent en faisant quelque chose pour elle. Un autre lien que la sympathie qui existe entre tous les gens de même nation, se retrouvant loin du pays, nous unit à eux : c’est l’effort pour un même but. Nos compatriotes l’ont senti comme nous. La réception qu’ils nous ont faite a suffi à nous faire oublier les souffrances endurées.

Maintenant il nous faut revenir ; le voyage est bien fini ; le succès, en somme, a dépassé nos espérances. En quittant la frontière de Sibérie, nous ne pouvions songer qu’à recueillir des documens d’ordre purement scientifique. Mais le cadre s’est peu à peu élargi, et nous avons été appelés à aborder une étude d’un plus haut intérêt.

Nous avons pu juger de l’œuvre commencée dans l’extrême Orient par la Russie au nord, par la France au sud ; nous avons vu ce qui était fait, et nous avons surtout cherché à nous rendre compte de ce qui était encore à faire.

Nous dirons en France ce que nous avons vu et entendu ; nous tâcherons de montrer d’un côté l’importance politique et commerciale que donne au Tonkin sa position au sud du Céleste-Empire, de l’autre la richesse agricole et minière de son sol : et si, donnant pour exemple les immenses résultats que la Russie a déjà obtenus au nord et à l’ouest de la Chine en suivant une politique colonisatrice, nous faisons comprendre le grand avenir que la France s’est préparé dans l’ancien continent, nous croirons avoir rempli notre tâche.


HENRI D’ORLEANS.