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UN
ENNEMI DE DESCARTES
GISBERT VOET.

Gisbert Voet a mérité l’oubli ; on ne l’a accordé qu’à ses écrits. Son nom est resté célèbre. Dans l’éloge emphatique et médiocre que Cousin, on ne sait pourquoi, a placé en tête des œuvres de Descartes, et que Voltaire aurait appelé du galithomas, Thomas le nomme : ce scélérat ! Un tel jugement est ridicule ; même relégué dans une note, il est odieux. Voltaire a parlé de Voet. De qui ne parlait-il pas ? a c’était un professeur de galimatias scolastique qui intenta contre Descartes une accusation d’athéisme dont les écrivains méprisés ont toujours chargé les philosophes. » C’est là tout ce que savent de Voet ceux qui apprennent l’histoire dans Voltaire. Pour les historiens de la philosophie, instruits par Descartes et par son panégyriste Baillet, Voet est un fanatique ignorant et fourbe, un jésuite protestant ; on associe ces mots pour redoubler l’injure.

Si, pour faire un premier pas vers les sources, on réunit les passages que, dans l’histoire de la vie de Descartes, Baillet consacre à celui qu’il nomme Voétius, on y rencontre, avec plus de détails, les mêmes injures et le même dédain. Mais si l’on supprime les assertions produites comme douteuses et les épithètes qui les traduisent, l’impression est complètement changée. Si Baillet, par exemple, écrit : « Voétius trouva moyen, par ses intrigues, de se