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REVUE DRAMATIQUE

Théâtre du Gymnase : L’Obstacle, pièce en 4 actes, de M. Alphonse Daudet. — Comédie-Française : Une conversion, comédie en 1 acte, de M. de Courcy. — M. Got dans Tartufe.

La loi de l’hérédité physiologique est-elle absolue et implacable ? À cette question, que la science moderne a posée et que la littérature, roman ou théâtre, aborde à son tour, Ibsen, dans son terrible drame des Revenans, a répondu oui. M. Daudet réplique non. Cette fois, ce n’est pas du Nord que nous vient, non pas la lumière, mais la pitié, cette fameuse pitié, la grande vertu jusqu’ici des âmes polaires. Un des nôtres a compati plus profondément que le poète norvégien à la misère humaine, il l’a consolée et rassurée ; au lieu de la perte certaine, il a montré le salut possible, probable même ; cette étreinte de la folie, et, comme disait George Sand, cette main chaude de colère, qui s’était posée sur le front d’un père, il l’a détournée du front de l’enfant.

Le drame commence à Nice, où le jeune marquis Didier d’Alein et Madeleine de Rémondy sont venus passer le temps de leurs fiançailles : l’un avec sa mère et son ancien précepteur, demeuré son ami, Hornus; l’autre, orpheline, avec son tuteur, le conseiller de Castillan, et la sœur de celui-ci. Mme Estelle, fille de quarante ans et de peu de cervelle. Mais, à quelques jours du mariage, M. de Castillan reprend brusquement sa parole et brise net : il vient d’apprendre