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n’a pas renoncé précisément à les combiner, tout en paraissant reconnaître, au congrès international de 1889, qu’on avait fait d’abord à l’atavisme une part bien large. En effet, il reproche vivement à ses adversaires, au lendemain du congrès, de contester encore « la continuité entre les hommes et les animaux, continuité dont les découvertes paléontologiques les plus récentes comblent chaque jour les lacunes, » et se prévaut d’observations faites sur les anthropoïdes. Mais la conciliation n’est pas facile, car il faudrait prouver d’abord que ces ancêtres, historiques ou préhistoriques, étaient eux-mêmes des épileptiques ou tout au moins qu’on peut trouver dans leurs rapines et leurs violences le germe d’un état épileptoïde. Comment le prouver ? M. G. Vidal a déjà remarqué, répondant au docteur Marro, que l’affaiblissement physiologique des centres nerveux, loin d’offrir un phénomène de réapparition ancestrale, doit être plutôt regardé comme un produit de la civilisation, de ses vices et de ses excès. Il ne faut pas, pour mieux terrasser la liberté humaine, tout ramasser contre elle et recourir à des argumens qui se heurtent ou s’excluent l’un l’autre : ce serait méconnaître les règles de la méthode expérimentale, qu’on prétend appliquer, et s’ôter le droit de médire des antédiluviens qui font encore de la « métaphysique. »


II.

C’est le moment de faire un peu de science appliquée, car on ne peut pas rester, en cette matière, dans les hautes régions de la théorie pure. Pendant que le criminologiste disserte sur la dégénérescence atavique ou sur l’état épileptoïde des malfaiteurs, un voleur l’attend peut-être au coin de la rue pour le dévaliser. Par bonheur, la police est aux aguets et, quand le crime sera consommé, suivra les traces du délinquant : celui-ci sera bientôt reconnu, désarmé, saisi, mis hors d’état de nuire. On procède à son interrogatoire.

Mais l’inculpé se défend et proteste de son innocence : à l’en croire, la police était sur une fausse piste ; il invoque un alibi produit des témoins à décharge, apporte de bons certificats et jette le trouble dans l’esprit du juge. Appelons donc à la rescousse la science anthropologique. M. Anfosso n’a-t-il pas lu, le 13 août 1889, au congrès de Paris, un mémoire écrit en collaboration avec M. Romiti, professeur à l’université de Pise, « sur la possibilité de faire servir la méthode et les instructions de l’anthropologie criminelle