Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
COUR DE LA HAUTE-ITALIE
A LA FIN DU XVe SIECLE

IV.[1]
LUDOVIC LE MORE ET LÉONARD DE VINCI.


IV.

A supposer que Léonard fût resté à Florence, il aurait peut-être peint, pour quelque couvent de sa ville natale, une Sainte Cène, égale à celle de Sainte-Marie des Grâces ; mais il n’aurait certainement pas reçu la commande d’un ouvrage de sculpture aussi important que la statue équestre du duc François, important par ses dimensions autant que par les idées de triomphe qu’il s’agissait d’y exprimer. A Florence, l’humeur égalitaire des masses avait depuis longtemps réduit la sculpture au cycle religieux : tout au plus la république avait-elle fait à deux de ses chanceliers, Léonard Bruni et Charles Marsuppini, les honneurs d’un mausolée monumental. Mais dresser sur une place publique la statue d’un capitaine, et surtout d’un capitaine dont la famille conservait quelque

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.